Les écoles du contexte minoritaire francophone accueillent un nombre accru de jeunes dotés de pratiques langagières très diversifiées. Certains élèves sont issus de familles immigrantes ayant de riches connaissances langagières dans d’autres langues. D’autres viennent de foyers où l’anglais est le plus souvent parlé. Comme le démontrent les recherches récentes (Gauthier, 2020), la mission de l’école de langue française va évoluer pour faire une place inclusive à cette diversité.
Dans ce contexte, les écoles mettent en place des programmes d’apprentissage du français ou de francisation qui visent en même temps à nourrir un rapport positif avec la langue et à soutenir le développement de la littératie. En fait, la francisation constitue un contexte d’apprentissage langagier unique. L’apprentissage d’une langue seconde est à double volet : il permet à une personne de s’intégrer à la société d’accueil et de réussir sa scolarisation. Il peut aussi lui donner les outils nécessaires pour retrouver et réclamer un héritage perdu en raison des rapports de force entre la langue majoritaire et la langue minoritaire. Dans les deux cas, la composante identitaire joue un rôle de premier plan. En effet, le vécu en contexte linguistique minoritaire donne lieu à des pratiques langagières qui évoluent dans une dynamique complexe de va et vient entre la langue majoritaire et la langue minoritaire des jeunes, et parfois aussi une autre langue parlée à la maison. En tenant compte des relations de pouvoir entre les langues, le rapport à l’identité chez les élèves et leur conscience des éléments culturels des langues en contact influence leur motivation à apprendre et leur sentiment d’appartenance à l’école et à la collectivité. Leur façon de se voir sur le plan identitaire influence leurs choix langagiers.
À l’école et dans leur collectivité, ces jeunes doivent vivre des expériences langagières positives qui les incitent à parler, lire et écrire, en français, pour dire ce qu’ils ont à dire, pour participer à la conversation et pour avoir un sentiment d’appartenance à leur collectivité. Ces jeunes s’épanouissent dans des classes remplies de livres de littérature de grande qualité et au sein de programmes de francisation qui intègrent le développement de la littératie.
Marianne Cormier, Ph. D. La doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation