Les iniquités en santé ont toujours existé, un peu cachées dans l’ombre et oubliées dans la routine quotidienne des gestionnaires en santé. La pandémie de COVID-19 a toutefois braqué les puissants feux des projecteurs sur ces inégalités et entrainé du même coup plusieurs changements positifs.
Claire Johnson, professeure adjointe en Administration publique et Gestion des services de santé à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, s’intéresse à ces questions et brosse un portrait de ses observations. « La pandémie a forcé tout le monde à mettre une pause et nous a montré comment la santé est importante quand personne n’est à l’abri. Lorsque notre système de santé ne fonctionne pas, il ne fonctionne pas pour tout le monde. Tant et aussi longtemps qu’il ne répond pas aux besoins des gens marginalisés, le système est en danger pour tout le monde », avance-t-elle.
Une des premières constatations s’avère évidemment la vulnérabilité accrue de certaines populations comme les personnes aînées dans les résidences ou foyers de longue durée, les gens en milieu carcéral ou encore les populations autochtones. « Nous avons aussi vu que les populations avec un statut socio-économique plus faible ou plus marginalisé ont été frappées beaucoup plus fort pendant cette pandémie. Nous l’avons vu en matière d’accès aux soins de santé au moment où ces personnes en avaient besoin », ajoute Mme Johnson en mentionnant les multiples éclosions mortelles et le nombre élevé de cas. Beaucoup se sont tournés vers les services de santé plus urgents puisque leurs besoins de base n’étaient pas comblés.
La télémédecine et briser les silos
Ces iniquités ne seront pas résolues du jour au lendemain, mais Mme Johnson souhaite que leur présence au grand jour mène à des améliorations. La pandémie a déjà entrainé quelques changements positifs comme l’utilisation de la télémédecine pour améliorer l’accès aux soins de santé primaire. Bien des gens ont ainsi pu consulter rapidement à distance leur médecin de famille et ne se sont donc pas présentés aux urgences.
« Nous avons aussi remarqué que lorsque les services de santé fonctionnent en silos, c’est moins efficace. La pandémie nous a forcés à travailler ensemble en équipe entre les secteurs et les disciplines. Nous avons pu nous entraider si quelqu’un était malade ou devait s’isoler parce que d’autres personnes pouvaient prendre la relève », souligne-t-elle.
La pandémie, combinée à la pénurie de main-d’œuvre en santé, a également mis en lumière la fragilité du système de santé. Selon cette chercheuse, la situation d’urgence a forcé les gestionnaires en santé à étudier attentivement les rôles de chaque professionnelle et professionnel pour évaluer les tâches. « Peut-être que cette tâche pourrait être effectuée par une autre personne. La pandémie nous a forcés à faire l’examen de nos ressources pour les utiliser de la façon la plus efficace possible », souligne-t-elle.
Formation offerte en gestion des services de santé
Résoudre des problèmes d’une telle complexité et anticiper des changements à venir sont d’ailleurs des objectifs d’apprentissage de la maitrise en gestion des services de santé de l’Université de Moncton. Ce programme s’adresse notamment aux gens qui œuvrent en soins infirmiers, médecine, physiothérapie, ergothérapie ou autre domaine et qui veulent accéder à des postes en gestion.
« Nous y enseignons justement des compétences en gestion comme l’organisation des ressources, la gestion de projet ou la coordination de soins. Nos étudiantes et étudiants vont se pencher sur des thèmes et enjeux spécifiques comme le leadership, la gestion de l’éthique dans les services de santé, la technologie et la santé et autres », énumère Claire Johnson.
À l’aube de profonds changements entrainés par la pandémie, le système de santé requerra donc un grand nombre de gens formés pour gérer ces grandes transformations.
Informez-vous à www.umoncton.ca/formation-continue/fr/programmes.
Claire Johnson détient un doctorat en santé des populations et elle est une diététiste professionnelle. Cette professeure adjointe en Administration publique et Gestion des services de santé à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton enseigne à la maitrise en gestion des services de santé.