De la simple utilisation d’un logiciel de base sur un ordinateur à la pensée créative, les compétences numériques ont énormément évolué au fil des années. Elles représentent dorénavant un incontournable en milieu de travail et autant les employeurs que les membres du personnel se doivent de demeurer à la fine pointe en la matière pour rester concurrentiels.
Florent Michelot, professeur en éducation au secteur administration, arts et sciences humaines de l’Université de Moncton, campus de Shippagan, rappelle que les compétences numériques sont apparues en milieu de travail avec l’arrivée des ordinateurs dans les années 80 et 90. Au départ, les compétences numériques englobaient simplement la familiarité avec un ordinateur, mais elles ont depuis connu une transformation fulgurante.
« Depuis quinze ans, nous avons eu une deuxième vague de la massification de l’informatique personnelle. Nous avons aussi eu l’émergence du web social avec les médias sociaux et plusieurs nouveaux enjeux qui se sont imposés dans le débat public et le numérique fait vraiment partie intégrante de notre vie quotidienne. »
La prévalence des technologies a donc complexifié la définition des compétences numériques. « Aujourd’hui, nous avons tendance à y associer des choses qui y étaient encore éloignées il y a quelques années comme la collaboration et la capacité de communiquer. Il y a aussi des éléments qui y étaient auparavant beaucoup plus distancés comme faire preuve d’esprit critique et d’un comportement éthique. Il y a vraiment un rapport à la citoyenneté numérique qui est en train de se développer avec toute une culture de l’information et du numérique qui devient plus éclatée et plus large », note-t-il.
Une adaptation constante aux changements
Cette évolution demande donc une adaptation constante. Les connaissances spécialisées d’aujourd’hui pourraient devenir dépassées demain, d’où l’importance de la capacité d’adaptation et d’acceptation des changements. Les employeurs doivent continuellement favoriser la formation de leur personnel dans cet univers en perpétuelle évolution. Une entreprise se doit d’innover pour performer si elle veut éviter de se faire distancer par la concurrence ou de perdre ses ressources humaines.
« Un employeur doit être en mesure de proposer à ses employées et employés des congés de formation ou peut-être un financement sous forme de crédit pour que les gens puissent aller chercher des formations supplémentaires », suggère-t-il.
Ce professeur a également noté une évolution du côté de la formation avec une diversification extraordinaire de l’offre en ligne afin de rejoindre un plus vaste public. Les cours sont davantage offerts en modules qui permettent de choisir du contenu ciblé avec une tendance vers l’autoformation. « La capacité de rester curieux et la capacité de continuer d’apprendre seront très importantes à l’avenir », avance-t-il.
Quelques considérations
Ce chercheur ne peut cependant s’empêcher de noter le revers de la médaille en soulignant que le numérique n’apporte pas toutes les solutions à nos problèmes. Pire encore, sa prévalence dans la vie quotidienne apporte tout un lot de considérations éthiques, environnementales, sociales et autres à ne pas négliger.
« Les citoyennes, les citoyens, les employeurs et aussi les décisionnaires doivent prendre le taureau par les cornes et anticiper cette vague de transformation », avance-t-il en préconisant des discussions collectives sur ces enjeux.
Quels qu’en soient leurs impacts sur la société moderne, les compétences numériques sont bel et bien enracinées dans les milieux de travail et continueront de les affecter de multiples façons.
Florent Michelot est professeur en éducation au secteur administration, arts et sciences humaines de l’Université de Moncton, campus de Shippagan. Ses travaux de recherche portent notamment sur l’adoption des technologies numériques en formation à distance sur Internet. Il s’intéresse aussi au développement des compétences comme la pensée critique et les littératies informationnelle, numérique et médiatique.