Se faire servir dans la langue officielle de son choix pour obtenir un service de santé représente une question de qualité, de sécurité, d’éthique et d’équité. Cependant, l’offre active de services dans la langue officielle au choix de l’usagère et de l’usager n’est pas toujours un réflexe chez les professionnelles et les professionnels de la santé. La Formation continue de l’Université de Moncton, en collaboration avec le Consortium national de formation en santé (CNFS), offre donc à ses membres une formation gratuite en ligne sur le sujet. Cette formation s’est d’ailleurs refait une beauté récemment avec une mise à jour et, bientôt, un examen national permettra d’obtenir une attestation de réussite reconnue à l’échelle du pays.
Manon Cormier, experte de contenu pour cette formation, rappelle tout d’abord qu’améliorer l’offre active représente un dossier du CNFS qui remonte à une quinzaine d’années. Plusieurs initiatives en ont découlé comme des consultations, la création d’une boite à outils – qui vient d’ailleurs d’être mise à jour –, des projets de recherche, une formation en ligne pour les professionnelles et les professionnels de la santé en poste, un ouvrage collectif portant sur le sujet, etc. «Après de nombreuses initiatives un peu variables dans chaque établissement, l’idée de mettre en ligne une formation nationale s’est avérée être la meilleure option pour une intégration plus uniforme. La pandémie a ralenti quelque peu le processus, mais elle [la formation] sera bientôt finalisée et disponible sur la plateforme de la Formation continue pour être offerte à tous les établissements du CNFS», explique-t-elle. D’ailleurs, comme le souligne Micheline Melanson, coordonnatrice au CNFS – Volet Université de Moncton, les 16 établissements membres ont réitéré en 2020 un énoncé d’engagement envers l’offre active. Ces établissements postsecondaires francophones ou bilingues s’engagent donc à former les étudiantes et les étudiants sur l’offre active de soins de santé et de services sociaux en français.
«Nos membres voulaient une formation uniforme offerte à tous les établissements membres à travers le pays. C’est également un des objectifs de Santé Canada, notre bailleur de fonds, pour qui il est important de former des professionnelles et des professionnels de la santé et des services sociaux en français qui sont capables de desservir une population francophone en milieu minoritaire. Ceci nous permettra d’améliorer l’accès à des services en français avec la même formation accessible à toutes les étudiantes et à tous les étudiants», ajoute Mme Melanson avec satisfaction.
Qu’est-ce que l’offre active?
Pour Manon Cormier, l’offre active de services en français doit être effectuée lors du tout premier contact de l’usagère et de l’usager avec un service de santé et se poursuivre pendant toute la durée des soins. «Il faut s’assurer d’offrir activement les services de santé dans la langue [des usagères et] des usagers, même dans les établissements où la langue de travail peut être l’anglais», précise-t-elle. «Ceci doit être fait de façon proactive, dès le premier contact, sans que l’usagère ou l’usager ait à le demander, et tout au long du continuum de soins. L’offre active peut faire la différence pour la sécurité et la qualité des soins pour la patiente et le patient, plusieurs histoires vécues en témoignent.» Survol de la formation La nouvelle formation en ligne sera offerte gratuitement dans un format autoportant, c’est-à-dire que la personne étudiante l’effectue à son rythme sans accompagnement direct d’une formatrice ou d’un formateur. «Par le biais des thématiques, les gens vont explorer qui est l’usagère et l’usager francophone, ses comportements, ses réalités, etc. On y aborde également les notions de sécurité et de qualité, l’impact des barrières linguistiques et les avantages d’avoir les soins dans sa langue. On voit aussi un peu la réalité sur le terrain, à quoi s’attendre, pour les personnes nouvellement diplômées et comment réagissent les gestionnaires et le personnel sur le terrain. On y explique leur rôle, leurs responsabilités et la valeur ajoutée pour les usagères et les usagers», résume Mme Cormier. Environ trois heures s’avèreront nécessaires pour explorer le contenu qui est enrichi de capsules vidéo, de contenu interactif, d’exercices, etc. Le contenu comprend également les données les plus récentes et représente bien les réalités de la francophonie canadienne. Soulignons également que cette formation a été développée à partir d’un profil de compétences en offre active qui a été validé par un comité d’expertes et d’experts. Micheline Melanson estime que les membres du CNFS pourront inviter leur population étudiante à suivre cette nouvelle formation à partir de l’automne 2022. Au moment de l’entrevue, les discussions se poursuivaient pour préciser son intégration dans les divers programmes d’études ciblés du CNFS.
Bientôt un examen national avec une attestation
La formation sur l’offre active se terminera avec un examen que devra réussir chaque personne inscrite afin d’obtenir une attestation de son établissement. Comme le précise Manon Cormier, son format innovateur évaluera les compétences acquises et non pas uniquement les connaissances comme le fait un examen traditionnel à choix multiples. «Un scénario sera proposé et la personne étudiante devra se prononcer sur l’action entreprise et sur sa pertinence. Elle devra ensuite évaluer comment elle aurait réagi dans une telle situation», explique-t-elle. Cet examen national avec une attestation de réussite forme d’ailleurs l’un des éléments les plus attendus de cette formation sur l’offre active. «Le but est que tout soit intégré ensemble pour tous les établissements du CNFS qui voulaient une formation homogène et uniforme avec une attestation. Une fois que les gens auront suivi la formation et réussi l’examen, ils recevront une attestation de leur établissement qui démontrera qu’ils auront réussi le programme en offre active», conclut Mme Melanson.