Comme un caillou lancé dans un étang qui cause des remous de plus en plus grands, les effets de la pandémie continuent de sévir sur le commerce international. Les fermetures d’usines et des frontières ont été suivies par des pénuries et d’importantes perturbations dans les chaînes d’approvisionnement qui, selon les personnes expertes, pourraient se poursuivre pour encore une année ou deux.
Le professeur Alidou Ouedraogo de la Faculté d’administration s’intéresse particulièrement à cette problématique et il rappelle tout d’abord l’importance du commerce international dans notre société moderne. Avant l’arrivée de la COVID-19 dans notre vie, les échanges internationaux se chiffraient annuellement à des milliards de dollars, surtout entre les pays industrialisés en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. « Le ralentissement des échanges entre les différents pays en raison des confinements, des mesures de restrictions et de la fermeture des frontières fut la conséquence immédiate de la pandémie. La production des biens et services a donc baissé et les usines ne pouvaient pas répondre à la demande », explique-t-il en guise d’entrée en matière.
Toujours comme ce caillou qui crée de plus en plus de vagues, la situation a occasionné d’importants retards dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, dont la majorité est contrôlée par de grands pays tels la Chine et les États-Unis ou encore l’Europe. Quand ces régions ont été fortement touchées par des éclosions, les perturbations se sont répandues comme une traînée de poudre au reste des marchés mondiaux.
Une reprise mondiale toujours perturbée
Grâce à la vaccination, les pays producteurs comme la Chine ont repris leurs activités économiques qui sont cependant perturbées par des éclosions et des pénuries de main d’œuvre dans les usines. Des situations similaires surviennent dans plusieurs grands ports maritimes, ce qui occasionne d’importants délais quant au chargement et au déchargement de conteneurs utilisés dans le monde entier pour le transport de marchandises.
« Nous connaissons maintenant une crise des conteneurs et le prix de ces derniers a explosé », signale M. Ouedraogo. « Les experts craignent que la situation ait des répercussions sur le prix des denrées et produits alimentaires qui sont des produits de consommations générales des ménages. Je crois que c’est une crainte qui va devenir une réalité bientôt. »
Déjà, les consommatrices et les consommateurs constatent des augmentations de prix qui vont jusqu’à 7 p. 100 pour certains produits. Parmi ceux-ci, M. Ouedraogo mentionne les appareils électroniques pour lesquels la demande a explosé depuis le début de la pandémie.
La pénurie de microprocesseurs, ces minuscules puces électroniques qui jouent un rôle essentiel pour les innombrables composantes de toute voiture moderne, est une autre conséquence de la pandémie. « Si vous achetez une voiture neuve en ce moment, elle va vous coûter très cher… si vous pouvez en trouver une! Les faibles stocks sont une conséquence de cette pénurie de microprocesseurs », ajoute-t-il. Des milliers de véhicules neufs s’accumulent d’ailleurs dans d’immenses stationnements à proximité des usines, immobilisés dans l’attente de ces microprocesseurs.
Et l’avenir?
Jamais les personnes expertes en commerce mondial comme Alidou Ouedraogo n’auraient auparavant imaginé une crise associée à des perturbations mondiales de l’ampleur de celles entraînées par la COVID-19. Avec un soupir, il avoue que les effets de cette pandémie sur le commerce international pourraient perdurer jusqu’en 2023 ou même 2024. Les gens peuvent donc s’attendre à connaître d’autres pénuries de produits de consommation courant, à des retards de livraison et à des augmentations de prix.
Alidou Ouedraogo, Ph. D., CPA CMA, est professeur titulaire et directeur du département d’administration à la Faculté d’administration de l’Université de Moncton — Campus de Moncton. Il donne notamment les cours de management, de management international et de gestion stratégique pour la Formation continue.