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Repenser l'Acadie dans le monde, premier atelier 2019-2020

Repenser l'Acadie dans le monde, premier atelier 2019-2020

« Adieu donc, cher Foudrion ! » : la mémoire acadienne des conflits franco-anglais en chanson (repenserlacadie.com)

Voici un billet de blogue d'Éva Guillerol de l'Université Rennes 2. Merci à elle pour ce texte et les clips audio des chansons de la Guerre de Sept ans en Acadie!

                                                                                                                                                                                              

Les habitants de l’Acadie et de la Normandie devant les exactions militaires (Gregory Kennedy) (repenserlacadie.com)

Gregory Kennedy, directeur scientifique de l'IEA, partage sur les milices au XVIIIe siècle.

                                                                                                                                                                                              

Visages de l'étranger chez Le Clézio, Bugul, Schwarz-Bart et Maillet (Corina Crainic) (repenserlacadie.com)

Corina Crainic, Ph.D., chercheure à l'IEA en littérature, vient de publier un texte intitulé « Visages de l'étranger chez Le Clézio, Bugul, Schwarz-Bart et Maillet ». Crainic compare différentes représentations de l'Altérité à travers quatre œuvres littéraires y compris Madame Perfecta d'Antonine Maillet. Crainic explique que « il est possible de comprendre que l’Altérité, étroitement associée à la faiblesse et à l’indésirable, suscite peur et violence mais rend également compte de l’élan des personnages vers ceux qu’ils aiment malgré tout ou désirent du moins connaitre, et comprendre, un peu mieux. » À lire!

                                                                                                                                                                                              

Regards et réformes de l’ancrage territorial de l’Acadie dans le monde (Mathieu Wade) (repenserlacadie.com)

Mathieu Wade s'intéresse, dans ce billet, à la manière dont l’Acadie s’inscrit dans le territoire, dont elle occupe physiquement l’espace, dont elle se pense et s’ancre matériellement dans le monde. 

                                                                                                                                                                                              

Repenser l'Acadie dans le monde : études comparées, études transnationales 

​L'Acadie, petite société francophone d'un coin d'Amérique du Nord. Peuple dont le destin fut à jamais marqué par sa dispersion brutale au 18e siècle - et qui continue de tracer sa voie à l'ère de la mondialisation. ​Inauguré en 2019, le projet s'attache à jeter un éclairage nouveau, et dans une double perspective, sur l'évolution de l'Acadie et de sa diaspora. Une série d'ateliers aboutira à un ouvrage collectif, prévu en 2022. Ce projet a pour ambition de renouveler les études acadiennes en invitant les chercheuses et chercheurs à situer l’Acadie dans une double perspective, comparée et transnationale.

Notre équipe rassemble une vingtaine de spécialistes dans le champ des études acadiennes et de la francophonie nord-américaine, dont une majorité de chercheures et chercheurs en émergence.​ ​Les chercheures et chercheurs associés au projet Repenser l'Acadie dans le monde proviennent d'une variété de disciplines : histoire, science politique, sociologie, littérature, musicologie, éducation et études culturelles.

https://www.repenserlacadie.com/

            

                                                                                                                                                                                              

Quelques réflexions sur l’Acadie et l’historiographie du « settler colonialism » (John Reid) (repenserlacadie.com)

La notion de “settler colonialism” en Acadie. Quelques réflexions de notre collègue John Reid.

Mis à jour : 8 avril

En tant qu’historiographie, le cadre interprétatif du «settler colonialism» – le colonialisme de peuplement – a un peu plus de vingt ans, ayant émergé des travaux des chercheurs australiens. Le livre fondateur de Patrick Wolfe, Settler Colonialism and the Transformation of Anthropology, a été publié en 1999, et Wolfe a poursuivi sur sa lancée en 2006 avec un article influent dans le Journal of Genocide Research, intitulé «Settler colonialism and the elimination of the native», dans lequel il lie encore plus clairement les colonies à des efforts prolongés d’effacement des sociétés autochtones. Ces premières interventions ont ensuite été prolongées par Edward Cavanagh et Lorenzo Veracini, qui, en plus de leurs propres travaux dans ce domaine, sont devenus en 2011 les fondateurs de la revue Settler Colonial Studies et par la suite les codirecteurs d’un grand recueil d’essais originaux qui s’intitule The Routledge Handbook of the History of Settler Colonialism (2016).

Le cadre du colonialisme de peuplement distingue entre des modèles de colonisation. L’exploitation économique des territoires d’outre-mer serait une forme de colonisation, tandis que l’occupation militaire à des fins stratégiques en serait une autre. Mais ni l’un ni l’autre n’exige nécessairement un peuplement permanent. Le colonialisme de peuplement, pour sa part, impliquerait le transfert permanent et multigénérationnel de la population, généralement dans un cadre impérial formel – bien qu’en fin de compte (comme avec le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et d’autres) le lien impérial sera souvent rompu. Bien entendu, le colonialisme de peuplement peut également faire avancer des objectifs militaires ou économiques. Toutefois, son principal impact consiste à créer une nouvelle société de colons qui vise finalement à remplacer et à effacer la société autochtone. Cela peut être fait par des moyens économiques, environnementaux, politiques, militaires, religieux-culturels ou psychologiques – ou encore une combinaison de ces stratégies.

Mais qu’en est-il d’une société formée grâce au peuplement colonial, mais qui n’a ni cette étendue, ni la portée environnementale ni la tendance à saper les structures sociétales des voisins autochtones? Surtout si cette société de colons devient elle-même subsumée dans une relation coloniale avec une force impériale étrangère? Le modèle de la colonisation de peuplement s’applique-t-il?

Détail du tableau de Samuel Scott, British Vessels at Anchor in Annapolis Royal, Nova Scotia, with a Rear-Admiral of the Red Firing a Salute (1751), inspiré d'un dessin de John Henry Bastide. (Source : WikiCommons)

Eh bien, non – ou pas complètement, en tout cas. Comme pour tout nouveau cadre historiographique doté d’un véritable pouvoir explicatif, le colonialisme de peuplement suscite autant des questions que des réponses. Le déluge de colons britanniques et anglo-américains arrivés dans le Mi’kma’ki entre les années 1780 et 1850, ainsi que le pouvoir exercé par les institutions des colons telles les assemblées coloniales, fournit quelque chose comme un cas classique du colonialisme de peuplement. Mais l’Acadie, sous ses formes antérieures à 1755 et postérieures à 1762, se rapportait tout à fait différemment à la société et à l’économie autochtones, ainsi qu’à l’environnement physique du Mi’kma’ki.

Thomas Peace et moi avons commencé à aborder ce sujet et à proposer d’autres distinctions dans notre essai du Routledge Handbook. Dans un contexte général du nord-est de l’Amérique du Nord, nous avons laissé entendre que les établissements acadiens s’imposaient localement dans certaines régions clés de Mi’kma’ki et qu’ils s’imposaient de plus en plus au fur et à mesure que la population acadienne augmentait à l’époque précédant le Grand Dérangement. Cependant, l’absence de tout modèle général d’empiètement ainsi que l’absence chez les colons d’institutions vouées à faire progresser les incursions aux dépens des autochtones, ont empêché à tout moment le développement d’un processus de colonialisme de peuplement au sens plein.

Tout cela, peut-on soutenir, montre clairement que l’histoire acadienne est importante pour l’évolution continue du paradigme du colonialisme de peuplement, en ce sens que l’expérience acadienne offre la possibilité d’une complication saine de l’application du modèle du colonialisme de peuplement et sert d’antidote contre son application de manière simpliste. Mais dans quelle mesure l’inverse s’applique-t-il, c’est-à-dire en faisant valoir que l’approche coloniale de peuplement peut également être pertinente pour notre compréhension de l’histoire acadienne?

Je suggérerais qu’il existe des possibilités dans un certain nombre de domaines. L’une d’entre elles apporterait simplement une perspective comparative sur la nature de l’établissement acadien, la comparaison se faisant soit avec le colonialisme de peuplement dans ses formes plus complètes, soit avec d’autres variantes (très différentes) telles que la résidence hivernale des pêcheurs sur l’île de Terre-Neuve. Un autre domaine naîtrait d’un test analytique pour faire la distinction entre les régions de l’Acadie, que ce soit avant ou après 1755-62. Certaines régions se seraient-elles rapprochées localement davantage du modèle colonial de peuplement alors que, dans d’autres, les relations acadiennes-autochtones auraient-elles été dictées autrement? Troisièmement, un examen détaillé à la lumière du modèle du colonialisme de peuplement révèle-t-il des continuités et/ou des discontinuités avant et après le Grand Dérangement qui n’étaient peut-être pas si claires auparavant?

Le colonialisme de peuplement, bien sûr, n’est qu’un des cadres d’interprétation dans lesquels l’histoire acadienne peut être considérée, mais je crois qu’il peut nous offrir des pistes prometteuses.

Spécialiste chevronné de l'histoire du Canada atlantique, John Reid est diplômé de l'Université d'Oxford (BA), de l'Université Memorial (MA) et de l'Université du Nouveau-Brunswick (PhD). Il est membre du Département d'histoire de Saint Mary's University depuis 1985. Il a également été coordonnateur des études du Canada atlantique à Saint Mary's où il est actuellement chercheur principal au Gorsebrook Research. Institute.

                                                                                                                                                                                              

Le jumelage Moncton-Lafayette : aux origines de l'intermunicipalité diasporique (Clint Bruce) (repenserlacadie.com)

Mis à jour : 8 avril

Le 16 août dernier, pendant le dernier Congrès mondial acadien, les villes de Moncton, au Nouveau-Brunswick, et de Lafayette, en Louisiane, ont célébré le jumelage qui lie ces deux municipalités depuis 1971-72. Pour marquer l’occasion, un tableau du peintre américain Robert Dafford, connu et apprécié pour ses murales sur des sujets historiques, a été dévoilé en présence de l’artiste. Plusieurs invités et dignitaires ont pris la parole pour souligner l’importance de l’amitié entre les deux villes, l’une étant une place forte de la modernité acadienne et un laboratoire du bilinguisme canadien, l’autre un foyer de la culture dite cadienne, propre à la Louisiane mais puisant dans l’héritage acadien et dans la mémoire du Grand Dérangement.

L’honneur m’a été donné de servir de maître de cérémonie, sur l’invitation de la mairie de Moncton. C’était pour moi la chance de raconter les débuts de ce jumelage, que personne dans la salle ne connaissait. Des débuts quelque peu houleux et que j’explore dans un essai qui paraîtra bientôt dans un ouvrage collectif, La dimension oubliée des années 1968 : mobilisations politiques et culturelles des minorités nationales en Amérique du Nord [1]. On se rappellera qu’aux débuts des années 1970 le maire de Moncton s’appelait Leonard C. Jones (1924-98). C’est un nom qui résonne, encore aujourd’hui, dans la mémoire collective pour les raisons que j’explique dans mon chapitre :

« Maire de la ville de Moncton de 1963 à 1974, Jones incarnait et exprimait ouvertement la francophobie ambiante et l’entêtement de la majorité à bloquer les aspirations des francophones durant « les années 68 » et même avant. Il s’était notamment opposé au programme Chances égales pour tous, du premier ministre Louis-J. Robichaud. Dans le documentaire L’Acadie, l’Acadie ?!?, tourné en 1968-69, on le voit qui humilie des étudiants de l’Université de Moncton venus présenter les conclusions du rapport Laurendeau-Dunton (de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme) et qui rabroue un conseiller municipal francophone, Léonide Cyr. Peu après, des jeunes laisseront devant la porte de sa maison la tête d’un cochon mort, geste symbolique qui marquera les esprits. Plus tard, le maire Jones mènera son combat d’arrière-garde jusqu’à la Cour suprême, où il contestera la validité constitutionnelle des lois fédérale et provinciale sur les langues officielles (Jones c. Nouveau-Brunswick, 1975). Le journal L’Évangéline n’hésite pas à comparer sa rhétorique à celle de George Wallace, le gouverneur ségrégationniste de l’Alabama. »

Tout cela est très connu. Ce qui l’est moins, c’est l’incident décidément cocasse qui s’est produit en mars 1972, lors du banquet pour accueillir la délégation de Lafayette venue entériner la relation entre les deux villes-sœurs. Ce soir-là, à l’Hôtel Brunswick, au centre-ville de Moncton (sur le site même de l’actuel Crowne Plaza où s’est déroulée la réception du mois d’août 2019), des représentants d’une association culturelle louisianaise affiliée à l’Université du sud-ouest de la Louisiane (USL, aujourd’hui l’Université de Louisiane à Lafayette) ont décerné aux édiles municipaux des certificats conférant le titre de « Honorary Acadian » – « Acadien à titre honorifique ». Il s’agissait d’une reconnaissance que ce groupe accordait régulièrement à des individus ayant fait montre d’une appréciation de la culture acadienne en Louisiane. Parmi les récipiendaires se trouvait cette fois-ci le maire Jones.

Peu après, il a retourné son certificat aux invités louisianais, ce qui n’a pas manqué de s’ébruiter dans la presse. Il faut savoir que début 1972 la question linguistique était revenue en force à Moncton, tout comme en 1968-69. À la suite du banquet en l’honneur du jumelage, un député monctonien à l’assemblée législative provinciale, Arthur Buck, avait prononcer en discours en faveur du bilinguisme, et ce en recourant à une allusion teintée de sarcasme au titre « d’Acadien honoraire » dont Jones pouvait désormais se glorifier. Cela n’avait pas plu à monsieur le maire.

Quelques semaines plus tard, il s’est prononcé contre l’organisation d’une visite réciproque à Lafayette, ce qui constitue la norme protocolaire en matière de jumelages. En s’expliquant à la radio, il disait entrevoir dans le projet « une conspiration dans l’ombre pour promouvoir le bilinguisme ici et là-bas, aux frais des contribuables de Moncton [2] ».

S'était opposé à l'organisation du voyage pour entériner le jumelage avec Lafayette, le maire Leonard Jones n'a pas accompagné la délégation de Moncton qui s'est rendue en Louisiane en mai 1972. (Daily Advertiser, 19 mai 1972, p. 14)

C’est la dynamique sociopolitique entourant cet épisode que j’examine dans mon étude à paraître dans La dimension oubliées des années 1968 – une étude complémentaire à celle que je mène dans le cadre du projet Repenser l’Acadie dans le monde.

Ici, je veux simplement mettre en lumière un document qui en dit long sur les aspirations de l’élite acadienne de Moncton et de celle de Lafayette. Il s’agit d’une lettre qu’a adressée le révérend père Clément Cormier (1910-87), fondateur de l’Université de Moncton et premier directeur du Centre d’études acadiennes [3], à Allen M. Babineaux (1924-2004), juriste, promoteur culturel et l’un des instigateurs du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), en date du 27 mai 1969. Elle se trouve dans le fonds Clément-Cormier du Centre d’études acadiennes de l’Université de Moncton. Les remarques de son auteur font état des contacts qui s’étaient noués entre les deux communautés :

« Je suis ravi des bonnes relations qui semblent se développer entre les autorités municipales de nos deux villes. Nous avons beaucoup en commun. Lafayette et Moncton sont vraiment les deux villes qui symbolisent le mieux la présence acadienne dans un État et dans une province à majorité anglophone, mais où la concentration acadienne est la plus dense. » [4]

Source des images : Centre d'études acadiennes Anselme-Chiasson, Fonds Clément-Cormier, 177.61 

Certes, la volonté de concrétiser une relation formelle au niveau municipal équivalait à une reconnaissance du lien diasporique entre les deux régions, même si le terme « diaspora » ne faisait pas encore partie du lexique commun. Mais il y a plus : à en juger par cette lettre, il s’agissait de se servir de ce lien comme d’un levier, parmi d’autres, de légitimation des aspirations des francophones face à des obstacles sur le plan politique. Dans son livre récent Global City-Twinning in the Digital Age, Michel S. Laguerre souligne l’action des minorités culturelles en situation de diaspora dans la création de jumelages entre leurs villes de résidence et leurs terres d’origine [5]. Tandis que son étude porte sur les groupes d’immigration récente, la diaspora acadienne, formée de minorités nationales qui préexistent à leurs États respectifs, n’en a pas moins donné lieu à des réseaux transnationaux au service de ses intérêts et de son imaginaire collectif.

N’ayant pas de gouvernement propre – comme celui qu’allait proposer le Parti acadien, fondé en 1972 – les élites acadiennes des Maritimes ont toujours dû investir et inventer d’autres lieux de pouvoir : l’église et la société civile, notamment. D’ailleurs le père Cormier fait allusion à la visite d’un groupe de la Société historique acadienne. Des échanges de ce genre remontaient aux années 1920 et c’est grâce à ces contacts du milieu associatif qu’a pu naître l’intérêt des autorités municipales.

Or, le phénomène des jumelages s’inscrit dans une dynamique nouvelle de relations intergouvernementales à partir de la fin des années 1960, au moment où les institutions modernes de la francophonie internationale voyaient le jour. Le jumelage entre Moncton et Lafayette n’était pas le premier reliant l’Acadie à la Louisiane, ayant été précédé de celui entre Shédiac, capitale du homard, et Pont-Breaux… capitale de l’écrevisse ! Aujourd’hui il y en a douzaine, sans compter plusieurs autres devenus caducs.

 

 

Mais la relation entre Moncton et Lafayette a quelque chose de spécial, même si elle n’est pas la plus active. Ces municipalités ont en commun leur statut de villes moyennes [6] servant de centres urbains régionaux, au niveau de l’économie et des services, et bénéficiant d’une concentration d’institutions culturelles, éducatives et médiatiques. Coïncidence intéressante, les deux villes portent le surnom de « Hub City » en référence à leur fonction de plaques tournantes. (Pour Moncton, ce sobriquet rend hommage au rôle du chemin de fer : déjà en 1880, un récit paru dans un journal local qualifiait la ville de « “railway hub,” a rising town of importance [7] ». Qui plus est, leur jumelage aura ouvert la voie aux relations bilatérales entre la Louisiane et du Nouveau-Brunswick. Proclamés État et province sœurs en 1977, les deux gouvernements ont signé en 2014 une entente de coopération qui a été renouvelée en 2019. Avec Québec, Lafayette et Moncton font partie des municipalités fondatrices du Réseau des villes francophones et francophiles des Amériques, lancé en 2015 à l’initiative du Centre de la Francophonie des Amériques.

Il arrive que certains détracteurs des initiatives à caractère diasporique comme le Congrès mondial acadien taxent celles-ci d’être exemptes de contenu politique, voire d’être nuisibles à la cause francophone aux Maritimes [8]. Selon ce point de vue, tout cela réduirait l’acadianité à ses aspects festifs et folkloriques, au prix de dépenses superflues. Il y a fort à parier que le père Cormier et le juge Babineaux n’auraient pas été tout à fait d’accord, d’où leurs efforts malgré les résistances du maire Jones en 1972. Une véritable approche transnationale de l’histoire acadienne permet de voir plus clair dans ces débats.

[1] Issu de l’édition 2018 du colloque annuel du Réseau de la recherche sur la francophonie canadienne, cet ouvrage, sous la direction de Michael Poplyansky, Joel Belliveau, Anne-Andrée Denault et moi-même, paraîtra aux Presses de l’Université Laval.

[2] En anglais : « a low-keyed conspiracy to promote bilingualism here and there at the expense of Moncton taxpayers ». « Mayor’s Belief: Twinning Involves City in Conspiracy », Moncton Transcript, 1er mai 1972, p. 1.

[3] Voir Marc Robichaud et Maurice Basque, Audacieux et téméraire : le père Clément Cormier, c.s.c. (1910‐1987), recteur‐fondateur de l’Université de Moncton, Moncton, Institut d’études acadiennes, Université de Moncton, 2017, coll. « Mémoire biographique ».

[4] Clément Cormier à Allen Babineaux, 27 mai 1969, CÉAAC, Fonds Clément-Cormier, 177.61.

[5] Michel S. Laguerre, Global City-Twinning in the Digital Age (Ann Arbor, University of Michigan Press, 2019), p. 2, 19-20.

[6] En 1970, la population de la ville de Lafayette se chiffrait à 68 908 personnes sur 109 716 résidents dans la paroisse du même nom, tandis que la cité de Moncton comptait 47 891 personnes en 1971.

[7] « Autumn Rambles », The Moncton Daily Times, 24 novembre 1880, p. 3.

[8] Pour un survol et une analyse de ces débats, voir mon article : « L’oubli de l’Acadie politique ? Le débat sur les Congrès mondiaux acadiens à la lumière de la question diasporique », Minorités linguistiques et société, 10, 2018, p. 100–132. https://doi.org/10.7202/1054098ar

https://www.repenserlacadie.com/blog