Un contexte particulier qui affecte le secteur de la santé
La pénurie de main-d’œuvre affecte particulièrement le secteur de la santé et les compétences langagières de certaines personnes candidates à des postes vacants freinaient leur embauche par le Réseau de santé Vitalité au Nouveau-Brunswick. Le réseau a donc développé un partenariat avec la Formation continue de l’Université de Moncton pour offrir un programme intensif de français langue seconde afin de faciliter le recrutement et l’embauche de personnel en soins infirmiers et améliorer leurs habiletés en français.
Valérie Dufour, gestionnaire régionale en soins infirmiers au Réseau de santé Vitalité, participe au recrutement du personnel et collabore avec les départements de ressources humaines du réseau afin de mettre en œuvre des stratégies de recrutement et de rétention du personnel. «Nous avions plusieurs personnes candidates qui avaient l’anglais comme langue primaire par exemple. Nous recevions des CV que nous ne pouvions pas vraiment considérer en raison de la langue. Nous nous sommes dit pourquoi ne pas élargir nos horizons en développant un cours d’immersion en français», se rappelle-t-elle. Le Réseau de santé Vitalité a donc approché la Formation continue de l’Université de Moncton pour leur faire part de leurs besoins. Comme l’explique André Bourgeois, agent de développement en langues et culture, de telles situations représentent en fait la raison d’être de la Formation continue. «Justement, notre mandat est de pouvoir offrir des formations quand les membres de nos communautés en ont besoin», souligne-t-il.
Des cours de français en immersion pour répondre aux besoins du marché
L’équipe de la Formation continue a notamment puisé dans son expérience antérieure des cours de langue en immersion qu’elle offre chaque été pour développer une formation intensive formulée pour répondre aux besoins spécifiques exprimés par Vitalité. Une première cohorte de personnes récemment embauchées a ainsi suivi cinq semaines de cours à raison de cinq heures de formation par jour offertes virtuellement l’automne dernier. Les cours de français comme tels étaient supplémentés d’activités ludiques comme des devinettes et divers jeux pour également apprendre tout en s’amusant. Ces activités étaient aussi l’occasion de mettre en pratique des expressions et champs lexicaux communs dans le milieu de la santé.
M. Bourgeois ajoute que la Formation continue a de plus collaboré avec les collègues de travail et les superviseures et les superviseurs de ces nouveaux membres du personnel pour faciliter leur adaptation au milieu de travail. «C’est souvent ancré dans la culture ici que lorsqu’une personne a de la difficulté à communiquer en français, les gens basculent tout de suite à l’anglais. Nous avons donc fait un travail de sensibilisation pour que les collègues de travail soient au courant de leur projet d’apprentissage de la langue», souligne-t-il. Leurs efforts ont également compris plusieurs sondages et des suivis afin de mesurer la satisfaction des personnes inscrites au programme et d'ajuster le déroulement de la formation.
Une expérience qui s'est avérée être un franc succès
L’expérience s’est avérée un succès et au moment de l’entrevue une deuxième cohorte était envisagée pour suivre la formation. Valérie Dufour s’est dite très satisfaite de toute l’expérience. «La collaboration a vraiment été excellente. Nous avons eu plusieurs rencontres pour discuter de nos besoins et une formule a été développée spécialement pour nous. Nous sommes plus que ravis de la formule proposée», souligne-t-elle.
Les gens inscrits au cours de français langue seconde recevaient leur salaire pendant les cinq semaines de cours, puis ils sont entrés en poste. Pendant plusieurs semaines, ils ont été jumelés avec une ou un collègue pour faciliter la transition à un milieu de travail francophone. «Il faut respecter le cheminement de l’employée ou de l’employé et lui donner du support pour éviter que la personne soit craintive ou moins en confiance par rapport à la barrière linguistique», note-t-elle.
Un autre élément important de cette réussite a également été l’adaptation du cours aux besoins de chaque individu. «Il y avait un test de compétence avant de commencer le cours d’immersion pour vraiment bien évaluer le niveau de la langue. La personne formatrice a ensuite adapté le cours en conséquence», explique-t-elle. Certaines personnes avaient ainsi des habiletés de base en français qu’il fallait développer davantage, alors que d’autres nécessitaient un léger peaufinage. La formation s’est adaptée aux besoins de chaque personne et leur a permis de progresser à leur rythme.
Mme Dufour a également beaucoup apprécié la communication régulière et le désir constant d’amélioration de l’équipe de la Formation continue afin de bien répondre aux besoins. Les sondages effectués permettront en plus de déterminer l’appui nécessaire à long terme après la formation ainsi que les futurs besoins de formation à l’interne.
Somme toute, Valérie Dufour se réjouit du succès de cette initiative qui lui permet maintenant d’élargir son bassin de recrutement. Auparavant, elle recrutait des gens francophones qui provenaient majoritairement du Nouveau-Brunswick et du Québec. Elle peut maintenant considérer des personnes candidates de toutes les provinces canadiennes puisque la langue ne représente plus autant une barrière. «Nous avions d’excellentes personnes candidates qui postulaient par le passé et nous ne pouvions pas retenir leur candidature en raison de la langue. Ceci nous aidera à résoudre notre problème de pénurie de main-d’œuvre. Nous avons vraiment élargi nos horizons», conclut-elle avec satisfaction.