LIAISONS Vo 1 no 1 Juin 2017 - page 15

L i a i s o n s
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Devenir une Municipalité amie des aînés :
un chemin parfois semé d’embûches
Majella Simard
En 2016, le Nouveau-Brunswick comptait 13 MADA, soit moins de 5 % des municipalités de la province, compara-
tivement à 730 dans le cas du Québec, ce qui représente environ les deux tiers des municipalités de cette province.
L’une des spécificités de la démarche MADA tient du fait qu’elle implique non seulement les acteurs sociaux de la
municipalité concernée (les personnes âgées étant elles-mêmes partie prenante de la démarche), mais aussi des
intervenants provenant de l’extérieur du milieu. Sa mise en œuvre repose sur un modèle particulièrement prisé
depuis quelques années auprès des chercheuses et chercheurs en développement régional, à savoir le renforce-
ment des capacités. En gros, ce modèle mise sur les facteurs tels que le partenariat, la concertation, l’« empower-
ment », la gouvernance, la participation sociale, le réseautage et la mobilisation citoyenne dans la prise en charge
des différents leviers du développement. Ce sont ces paramètres que nous avons évalués à partir de deux munici-
palités du Nouveau-Brunswick qui ont entrepris une démarche MADA : l’une à caractère urbain (Tracadie) et une
autre située en milieu rural (Kedgwick).
Notre recherche montre que la mise en œuvre de la démarche MADA est parfois semée d’embûches, comme ce fut
le cas plus particulièrement à Tracadie, où une mauvaise circulation de l’information, des carences sur le plan com-
municationnel entre les différents partenaires, et des dissensions entre les personnes âgées et les membres du Con-
seil municipal ont eu pour effet d’annihiler les efforts des acteurs sociaux dans l’élaboration du projet. Ces carences
se sont répercutées négativement sur des paramètres tels que le leadership et le réseautage en plus d’avoir
contribué à ralentir le processus d’adhésion.
À Kedgwick, la mise en œuvre de la démarche s’est effectuée beaucoup plus rondement. Cette municipalité
possède une certaine tradition dans le domaine de l’économie sociale au Nouveau-Brunswick en raison de la
présence de coopératives de services. La démarche a été soutenue par les membres du Conseil municipal qui ont
été partie prenante du processus. Par ailleurs, cette municipalité n’a pas été exempte de difficultés pour autant,
notamment au chapitre de la mobilisation citoyenne, et de problèmes en matière de leadership au cours de la
première phase du projet.
Au final, notre étude révèle qu’une innovation sociale, telle que l’expérience MADA, peut entraver le processus de
transformation sociale, lequel constitue l’une des principales finalités du modèle de renforcement des capacités. À
plus long terme, il apparaîtrait fondamental d’élargir l’analyse à d’autres MADA du Nouveau-Brunswick afin de véri-
fier la robustesse du modèle de renforcement des capacités et, en particulier, sa contribution dans l’enclenchement
d’un processus de développement territorial.
Référence :
Organisation mondiale de la Santé (2007),
Guide mondial des villes-amies des aînés. Vieillissement et qualité de vie, santé familiale et communautaire
, OMS, Genève.
Département d’histoire et de géographie
Le réseau « Villes amies des aînés » (VADA) a été créé en 2005 par
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à l’occasion du 18
e
Con-
grès mondial de gérontologie et de gériatrie qui s’est tenu à Rio de
Janeiro, au Brésil. L’initiative, qui vise à améliorer la qualité de vie
des aînés au sein de leur milieu, a rapidement fait boule de neige
pour s’étendre à des territoires géographiques plus restreints, si
bien que, dans le cas du Canada, elle est mieux connue sous
l’appellation « Municipalités amies des aînés » (MADA). L’OMS
définit une MADA comme une municipalité dont « les politiques, les
services, les lieux et les structures soutiennent les personnes âgées
en leur permettant de vieillir en restant actives » (OMS, 2007 : 5).
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