Le Département d’art dramatique, pierre angulaire
d’une écologie théâtrale en Acadie
Marcia Babineau
En 1973 naissait le Département d’art dramatique de l’Université de Moncton. Et depuis, quantité de comédiennes et
comédiens ont donné à l’Acadie une voix et un visage que l’on retrouve sur la scène, au cinéma et à la télévision.
Jean-Claude Marcus, qui en fut le premier directeur, tenait à ce que les artistes qui y seraient formés puissent gagner
leur vie ici et se produire dans des institutions telles que le théâtre l’Escaouette ou le théâtre populaire d’Acadie.
En ce sens, nous sommes choyés, car nous pouvons acquérir ici, en français, une formation spécialisée complète en
art dramatique. Il va sans dire que l’Université de Moncton aura été déterminante dans sa volonté de pourvoir à cette
institution, consciente du fait que la culture acadienne prend toute son ampleur et sa signification dans le milieu d’où
elle émerge. Il est bien évident aussi que sans le Département, la vitalité et la visibilité dont font preuve notre théâtre,
notre production télévisuelle et notre cinéma seraient considérablement réduites. De nos jours, les comédiennes et les
comédiens d’ici expriment avec talent et assurance une identité et une vision dont nous sommes, en tant que public,
les heureux témoins et les spectateurs enthousiastes.
Il est intéressant de voir l’importance et l’évolution du Département de 1971 à nos jours, et de constater à quel point
il est devenu une véritable institution et en quelque sorte un incubateur de la pratique artistique professionnelle. Pour
donner quelques exemples de cette proximité entre ces milieux de la formation et de la pratique professionnelle, nous
ne citerons que quelques exemples et projets de nos professeures et professeurs : André Roy et Karène Chiasson –
tous deux diplômés du programme – sont non seulement aujourd’hui professeur d’improvisation et professeure
d’interprétation, mais aussi fondateur et directrice des Productions de l’Entrepôt. Ils ont présenté leur toute dernière
création,
Le Facteur
, le 7 février 2017 à La Grange dans un texte et une mise en scène de Christian Essiambre,
également diplômé du Département en 2016.
Andréï Zaharia, professeur d’interprétation, a signé la mise en scène de
Le Christ est apparu au Gun Club
d’Herménégilde Chiasson, mettant en vedette trois anciens du Département les 25 et 26 janvier dernier au Théâtre
l’Escaouette. Directrice du Département d’art dramatique et directrice artistique du Théâtre l’Escaouette, je suis
moi-même une ancienne du Département et cofondatrice, avec mes collègues étudiants en 1978, de ce théâtre qui
s’est principalement dévoué à la dramaturgie acadienne. Matthieu Chouinard, finissant du Département, et
Marc-André Charron, tous deux professeurs en techniques de jeu et codirecteurs artistiques et fondateurs de Satellite
Théâtre, présenteront en mars prochain le spectacle
Golem
mettant en vedette des anciennes et anciens ainsi que
des étudiantes et étudiants du Département. Le professeur en production Justin Gauvin, également diplômé du
programme, signe la majorité des conceptions lumières du milieu artistique. Enfin, Alain Tanguay, professeur en
scénographie, signe quant à lui la plus grande partie des scénographies, dont celles des productions du Pays de la
Sagouine.
Quarante-trois ans, c’est l’équivalent de deux générations. Certains diront que c’est très jeune, mais en ce qui nous
concerne, c’est déjà légendaire, car la plupart des institutions culturelles qui ont fait leur marque en Acadie remontent
à cette époque, soit les années 70. Depuis, il s’est fait beaucoup de choses, mais il y a encore beaucoup à faire. À la
lueur de la vitalité que l’on retrouve en culture et particulièrement en théâtre, il est important de reconnaître
l’engagement du Département d’art dramatique et de l’Université, qui ont cru en cette forme d’art vitale à l’expression
et à l’identité de la culture acadienne.
Département d’art dramatique
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L i a i s o n s
