Bulletin des diplômés de l'Université de Moncton - page 13

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L’immigration francophone
fait partie du paysage
démographique du Nouveau-
Brunswick. Pour espérer aller
plus loin, la communauté
francophone doit se positionner
par rapport au paradigme
économique de l’immigration.
Elle doit évaluer les facteurs de
l’intégration économique des
immigrants francophones et
la capacité des communautés
à s’assurer que l’emploi
réponde aux attentes des
immigrants. Elle doit aussi
ne pas faire une lecture
strictement instrumentale de
l’immigration. L’immigrant
idéal n’est pas tout simplement
un individu venant combler
des besoins économique ou
démographique identifiés
par la société d’accueil. Cet
enjeu de l’immigration ne
doit pas toujours être présenté
dans une logique de déficit
pour une communauté.
Dans l’élaboration des
politiques publiques en
matière d’immigration, nous
devons défendre la spécificité
du contexte minoritaire
francophone, d’une société
acadienne pouvant s’épanouir
par l’immigration.
Deuxièmement, l’enjeu de
l’immigration francophone
a permis de poser un regard
différent sur des enjeux
identitaires, de renouveler
un regard dominant ou
profondément « majoritaire »
de l’immigration. Le fameux
« eux » et « nous » est-il
différent au sein de la minorité?
Qu’en est-il de l’intégration
au sein de la minorité
francophone? Comment
s’agencent les particularismes
de communautés issues de la
dualité linguistique avec cette
diversité culturelle portée par
l’immigration francophone?
Comment la société acadienne
peut-elle grandir par l’entremise
de l’immigration? Toutes
ces questions ne sont pas
faciles et n’offrent pas de
solutions rapides. Il s’agit
plutôt de faire place à un
débat sur l’avenir d’une
société qui ne peut composer
sans l’apport de l’Autre dans
la construction d’un vivre
ensemble. Les nouvelles
réformes en immigration
peuvent nous éloigner d’un
projet plus collectif, car elles
valorisent des considérations
plutôt individualistes
moins ancrées dans le
sentiment d’appartenance
communautaire. Ce
questionnement est important,
car il introduit un défi dans
la manière de définir la
communauté par rapport à
la réalité de l’immigration.
On demande aux immigrants
de venir grossir les rangs des
communautés francophones en
situation minoritaire, mais ces
immigrants sont sélectionnés à
partir de mécanismes qui vont
accentuer l’aspect temporaire,
mobile et précaire de leur
condition.
Enfin, il ne faut pas négliger
ce que l’immigrant pense
de la société qui souhaite
l’accueillir. L’Acadie est-elle
si accueillante? Est-elle à
l’écoute de ce que les nouveaux
Canadiens ont à dire d’enjeux
comme l’éducation, l’emploi,
les relations sociales? Dans les
transformations du système
d’immigration canadien,
les trajectoires migrantes et
les profils des immigrants
sélectionnés deviennent plus
complexes. La valorisation
d’un immigrant autonome et
responsable de son parcours
individuel aura un effet sur le
sentiment d’appartenance à la
communauté d’accueil.
Comment se fait le processus
d’intégration pour des
immigrants économiques
ayant plus d’exigences pour
eux et leurs familles? Quelle
sera leur allégeance aux enjeux
défendus par la communauté?
Ces interrogations doivent
faire partie d’une réflexion plus
approfondie de l’immigration.
Comment
l’immigration
francophone
peut-elle
façonner
l’Acadie?
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