Le Prisme - Décembre 2017 No17 - page 3

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Étudier la
physiologie de
la croissance
pour améliorer la
productivité de
l’industrie piscicole.
Le succès de l’industrie piscicole
repose en grande partie sur la
production d’un poisson sain et de
bonne qualité aussi rapidement que
possible. Bien sûr, une des clés du
succès consiste à offrir au poisson
une bonne quantité de nourriture
de qualité. Au cours des dernières
années, la qualité des moulées s’est
grandement améliorée et celles qui
sont utilisées présentement sont
extrêmement performantes.
L’industrie piscicole est cependant
toujours avide de nouvelles stratégies
permettant d’améliorer le taux de
croissance des poissons.
Si on ne tient pas compte de l’eau, les
protéines sont la principale composante
des êtres vivants. Les protéines sont des
macromolécules présentes dans toutes les
cellules vivantes. Une fois synthétisées,
les protéines ne subsistent que pendant
une certaine période de temps pour
être ensuite dégradées et recyclées
par un processus que l’on nomme
métabolisme des protéines. Les protéines
d’une cellule sont donc en perpétuel
renouvèlement afin de maintenir un
niveau de fonctionnement optimal. Le
métabolisme des protéines englobe les
processus interdépendants de la synthèse
et de la dégradation des protéines. Il
est intimement lié à la croissance des
organismes parce que la croissance
nécessite la production d’une grande
quantité de protéines. Le métabolisme
des protéines est régulé de façon très
serrée et est affecté par une vaste gamme
de facteurs, dont la température, la
pollution, l’état nutritionnel ou encore
le stade de développement des poissons.
Les ajustements du métabolisme
des protéines impliquent l’altération
de l’expression de nombreux gènes
régulant autant la dégradation que la
synthèse des protéines. Au cours de la
dernière décennie, notre compréhension
des mécanismes de régulation du
métabolisme des protéines a beaucoup
progressé, notamment grâce aux travaux
de recherche sur le cancer. Toutefois, très
peu de travaux ont porté sur des modèles
autres que les mammifères. Les poissons
sont très sensibles aux conditions
environnementales et ont la capacité
d’altérer rapidement leur métabolisme
des protéines en fonction des conditions
rencontrées. Les poissons fournissent
ainsi un modèle unique et très utile pour
l’étude du métabolisme des protéines. 
L’équipe du professeur Simon
Lamarre vise à mieux comprendre les
aspects moléculaires du contrôle du
renouvèlement des protéines chez les
poissons. L’équipe utilise plusieurs
stratégies de façon à moduler la
croissance et donc le métabolisme
des protéines des poissons. Une de
ces stratégies consiste à exposer les
poissons à des périodes de jeûne
suivies de périodes de réalimentation.
Évidemment, lorsqu’ils sont privés
de nourriture, les poissons cessent de
croitre. Cependant, lorsqu’ils sont
réalimentés, ils entrent dans une période
de croissance accélérée qui dépasse
largement celle des poissons ayant été
nourris à satiété. Cette période, nommée
croissance compensatoire et observée
en nature, indique qu’en conditions
normales les poissons ne croissent pas
à leur plein potentiel. Ce phénomène
intéresse particulièrement l’industrie
piscicole qui y voit une opportunité
d’améliorer le rendement des élevages.
Les travaux de recherche en cours
devraient apporter une meilleure
compréhension des mécanismes
moléculaires permettant de soutenir les
périodes de croissance compensatoire.
L’équipe compte par la suite développer
des stratégies d’induction et de maintien
de croissance compensatoire dans
les élevages.
On sait depuis longtemps qu’un poisson
stressé croît beaucoup moins rapidement
qu’un poisson « relax ». Pourtant, les
liens entre le stress et la croissance sont
encore mal connus et très peu étudiés.
Pire encore, il existe très peu de moyens
permettant de déterminer le niveau
de stress des poissons. L’équipe du
professeur Lamarre utilise, entre autres,
les hiérarchies sociales qui s’établissent
au sein de groupes de poissons afin
d’obtenir des poissons plus ou moins
stressés. Il est en effet surprenant de
constater à quelle vitesse les poissons
assument des positions de dominance
ou soumission lorsque maintenus en
petits groupes. Les poissons dominés
se retrouvent en situation de stress
chronique comparé aux dominants.
Ce modèle de stress chronique est
idéal pour étudier les effets du stress
sur la croissance et le métabolisme
des protéines parce qu’il requiert un
minimum de manipulation des poissons
par les chercheurs. Mieux comprendre
le lien entre le stress et la croissance des
poissons devrait également permettre
la mise au point de nouveaux outils
de mesure des niveaux de stress chez
les poissons.
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