6
Bulletin
i
Automne
i
2014
Carl Philippe Gionet
Baccalauréat en musique
(interprétation) 2003
Entretiens
Carl Philippe Gionet s’est taillé une place de
choix dans l’univers de la musique classique
au cours des dernières années. Que ce soit
comme soliste ou accompagnateur, le
pianiste acadien est devenu un collaborateur
recherché et il travaille avec de nombreux
interprètes en Amérique du Nord, en Europe
et au Moyen-Orient.
Originaire de Caraquet, il détient un
baccalauréat en musique (interprétation) de
l’Université de Moncton en 2003. Il a obtenu une
maîtrise en musique de l’Université de Montréal
en 2005 et un doctorat en interprétation du
piano de la même institution en 2010. Il s’est
perfectionné en coaching vocal et a eu l’honneur
de travailler avec de grands maîtres
de renommée internationale.
Carl Philippe Gionet est le fondateur et directeur
artistique de l’événement Musique sur mer en
Acadie, un organisme sans but lucratif voué
à l’éducation et à la diffusion de la musique
classique en milieu francophone minoritaire.
Cette nouvelle série de stages professionnels en
musique classique permet à des musiciens et
musiciennes de haut calibre de se perfectionner
auprès de grands professeurs, pédagogues et
interprètes en Acadie.
En 2010, il a été lauréat du prestigieux
Prix de la Fondation de musique Sylva-Gelber.
Il a également été boursier de la Faculté des
études supérieures et de la Faculté de musique
de l’Université de Montréal, du Conseil des arts
du Canada, du Conseil des arts du Nouveau-
Brunswick et de la Fondation des Jeunesses
musicales du Canada.
De quelle façon la musique est-elle entrée
dans votre vie?
D’aussi loin que je puisse me souvenir,
la musique a toujours été présente dans
ma vie. J’ai passé une grande partie de
ma petite enfance chez ma grand-mère
maternelle où il y avait un piano qui est
rapidement devenu un véritable jouet
pour moi. Passionnée de musique et
excellente musicienne, ma grand-mère
m’a transmis le goût de la musique.
À quel moment avez-vous décidé que vous
feriez carrière en musique? Est-ce que cela a
été un choix facile?
En fait, tout s’est fait très naturellement.
Je m’estime privilégié, car j’ai commencé
à travailler très tôt dans l’univers
musical. Déjà, vers l’âge de 10 ans, j’ai
été organiste à l’église de Caraquet.
J’accompagnais la chorale Marguerite
Bourgeois. Plus tard, mon premier
« vrai » emploi comme étudiant a été
accordéoniste au Village Historique
Acadien. Au fil des années, j’en suis venu
à la conclusion que la musique était ma
véritable passion et qu’il était possible
que j’en fasse une carrière. La suite
logique a donc été d’entreprendre des
études en musique classique pour devenir
musicien professionnel.
Vous avez étudié pendant cinq années à
l’Université de Moncton. Quels souvenirs
gardez-vous de cette période?
Je ne serais pas la personne et le
musicien que je suis sans avoir
étudié au Département de musique
de l’Université de Moncton. Ce
que j’aimais, et que j’aime encore
puisque j’ai eu la chance d’y enseigner
l’hiver dernier, c’est la proximité et la
formidable communication qui existent
entre les étudiants et les professeurs.
L’apprentissage s’y déroule vraiment dans
des conditions optimales favorisant une
approche personnalisée. Le département
n’est pas très grand, mais il est de très
bon niveau. C’est un environnement
propice à l’épanouissement et j’en garde
d’excellents souvenirs.
En très peu d’années, vous vous êtes bâti
une renommée enviable dans l’univers
de la musique classique à l’échelle
internationale, que ce soit comme
accompagnateur, soliste et compositeur.
Rêviez-vous d’une telle carrière?
Lorsque je m’arrête pour faire le point sur
ma carrière, je suis reconnaissant de tout
ce qui m’arrive. Néanmoins, je ne tiens
rien pour acquis.
J’ai toujours été perfectionniste, un
adepte du travail bien fait. Je continue
d’évoluer dans mon art, de me
perfectionner. Cela exige beaucoup
d’organisation, de discipline et une
grande rigueur. J’aime beaucoup
l’expression qui dit qu’on ne peut pas
tirer sur une plante pour qu’elle pousse
plus vite. J’essaie d’être sincère dans
ce que je fais et de vivre le tout d’une
manière saine et équilibrée. Je suis loin
de m’asseoir sur mes lauriers.
Vous êtes une grande partie de l’année en
déplacement professionnel, néanmoins,
vous trouvez du temps pour redonner à la
communauté acadienne, que ce soit comme
juge dans différents festivals de musique,
conférencier dans les écoles, organisateur
de séries de concerts, etc. Quelle est la
source de votre motivation?
Depuis que je joue, que j’évolue dans la
profession, j’ai toujours été encouragé et
appuyé par la communauté. J’ai beaucoup
reçu et il me semble naturel de redonner
et je le fais avec beaucoup de plaisir.
Vous avez fondé et vous assurez de façon
bénévole la direction artistique de Musique
sur mer en Acadie, un événement annuel
voué à l’éducation et à la diffusion de la
musique classique en Acadie. Parlez-nous
de l’importance de cette initiative?
En musique classique, le perfectionne-
ment fait partie intégrante de la
démarche artistique et professionnelle.
Au cours de ma carrière, j’ai eu le
bonheur de participer à de nombreux
stages de perfectionnement dans des
endroits extraordinaires aux quatre coins
du monde. Puis, un constat s’est imposé.
Pourquoi ne pas créer un événement
de formation musicale avec de grands
maîtres ici même en Acadie? Il faut dire
que Caraquet offre un environnement
naturel et physique idéal pour la tenue
d’un tel événement. Il existe plusieurs
modèles de stages et Musique sur mer
en Acadie offre une formule simple,
souple et conviviale. Nos classes de
maître se déroulent devant le public.
Pour les musiciens et musiciennes
professionnels en début de carrière, il
s’agit d’une occasion de se ressourcer,
de se perfectionner avec de grands
maîtres et des formateurs exceptionnels.
Cette année, une journée de classes de
maîtres a été consacrée aux étudiants et
étudiantes en musique de
l’Université de Moncton. Musique sur mer
en Acadie fait rayonner non seulement
la musique classique, mais aussi notre
magnifique région. La communauté est
derrière le projet et cela nous encourage à
poursuivre la démarche.
Récipiendaire 2014 du Prix Émergence
