Bulletin des diplômés de l'Université de Moncton - page 5

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Très tôt dans votre carrière, vous avez
décidé de faire de l’enseignement clinique.
Pourquoi avoir choisi cette voie? Cette
dimension était importante dans votre
cheminement professionnel?
Lorsque tu es étudiant en médecine et
que tu arrives à l’étape de la résidence,
déjà tu commences à être un médecin
formateur parce que tu commences
à enseigner aux plus jeunes dans la
pyramide. C’est à ce moment que j’ai
développé le goût pour l’enseignement.
Ma mère était enseignante alors peut-être
que ça y est pour quelque chose. Au tout
début de ma pratique, le docteur Léon
Richard a voulu fonder le programme
de formation médicale francophone
du Nouveau-Brunswick pour faire en
sorte que les jeunes Néo-Brunswickois
qui étudiaient au Québec puissent faire
leurs stages cliniques chez eux. Il a alors
embauché le docteur Omer Doiron
comme chef de file pour développer ce
programme et c’est à ce moment que j’ai
été invité à y participer. On a commencé
avec un étudiant. C’était plaisant comme
milieu parce qu’on était constamment
obligé de se questionner sur nos façons
de faire et notre fonctionnement. En
plus, c’était déjà clair qu’un programme
d’enseignement clinique médical dans la
communauté était la meilleure stratégie
pour former, recruter et garder nos
jeunes médecins.
Vous avez été un acteur de premier
plan dans l’établissement du Centre
de formation médicale du Nouveau-
Brunswick. Pourquoi était-ce si important
de délocaliser la formation médicale au
Nouveau-Brunswick?
Au cours des années, j’ai tenté à plusieurs
reprises de délocaliser le Centre de
formation médicale, mais ça ne marchait
pas pour toutes sortes de raisons.
Lorsque l’Université de Sherbrooke
a offert de livrer le programme au
Nouveau-Brunswick, en collaboration
avec l’Université de Moncton, j’étais prêt
depuis longtemps. C’est comme si les
planètes cette fois s’étaient alignées. Pour
moi, l’important ce n’était pas seulement
de former des médecins, c’était de mettre
en place un projet de société. Je voyais
aussi tout un potentiel en matière de
recherche et de formation continue de
nos professionnels de la santé. Tout ceci
était nécessaire pour que l’Hôpital
Dr-Georges- L.- Dumont devienne un
centre hospitalier universitaire.
Le Centre de formation médicale a célébré
en septembre 2014 ses huit ans d’existence.
Vous êtes satisfait des résultats jusqu’à
présent? L’effort en valait la chandelle ?
Ce qu’on a réussi à faire jusqu’à
maintenant est au-delà de mes attentes.
Au début, c’était clair que la priorité
c’était la qualité du programme de
médecine comme tel. Mais je ne pensais
pas que les choses allaient tomber en
place aussi vite en ce qui concerne la
recherche et la formation continue. Après
huit ans d’existence seulement, tous
ces volets sont en place. Le programme
de formation médicale fonctionne très
bien. Nos étudiants et étudiantes se
classent très bien comparativement à
leurs homologues des autres universités
lorsque vient le temps de faire leurs
demandes pour des postes en spécialité.
Les volets recherche, pédagogie médicale,
simulation et formation évoluent bien.
Au cours de la dernière décennie, il y a eu de
nombreuses initiatives mises sur pied pour
assurer aux francophones de la province
des services de santé et de mieux-être de
qualité. Quels sont les principaux défis qui
restent à relever?
Le principal défi à mon avis réside dans
le fait que la communauté acadienne
n’a pas encore défini clairement sa
feuille de route en matière de santé
en français au Nouveau-Brunswick. Il
existe encore des zones grises. Il y a des
groupes qui proposent des choses que
je considère idéalistes. J’estime qu’il y a
encore beaucoup à faire pour améliorer
la collaboration entre les deux régies
de santé. Il faut traiter de façon réaliste
la question de l’équité en matière de
services en santé parce que c’est lié
directement à la sécurité du patient. La
Société Santé et Mieux-être en français
du Nouveau-Brunswick fait un travail de
mobilisation primordial. Le système de
santé, ce n’est pas seulement les hôpitaux.
Il faut élargir le débat à la promotion de
la santé, une meilleure organisation des
soins de santé primaire, une meilleure
prise en charge de l’individu par
rapport à sa santé. Sans une réflexion
approfondie sur ces sujets, notre système
de santé ne sera pas soutenable.
Quel rôle l’Université de Moncton doit-
elle jouer pour relever les défis de notre
société au cours des prochaines années
et particulièrement au niveau de la
francophonie canadienne?
L’Université de Moncton peut jouer
un rôle très important. C’est clair
que nous avons besoin d’un meilleur
arrimage entre les institutions de
formation, comme l’Université, et les
institutions de livraison de services de
santé. L’Université doit constamment
se questionner sur la pertinence de ses
programmes et en quoi ils répondent ou
non aux besoins du système de santé. Il
y a encore de la place pour solidifier les
partenariats et maximiser les impacts.
Par exemple, le Centre de formation
médicale du Nouveau-Brunswick
peut élargir sa portée à l’ensemble des
étudiants en médecine francophones
de l’Atlantique et même de l’Ouest
canadien. L’Université de Moncton
est bien placée pour jouer un rôle
clé à cet égard.
Le travail que vous avez accompli au cours
des trente dernières années est colossal.
Vos réalisations sont innombrables. Où
prenez-vous votre énergie? Comment vous
ressourcez-vous?
Il y a sans doute un élément génétique
là-dedans. J’avais une mère qui était
capable de mener de front plusieurs
projets à la fois. J’ai toujours le goût
d’innover. J’adore transformer les défis
en opportunités. Je me considère choyé.
Mon milieu familial et mon cercle
d’amis m’ont grandement inspiré et
m’ont permis d’aller plus loin. Pour me
ressourcer, j’ai beaucoup voyagé et me
suis adonné à des passe-temps comme
l’élevage des oiseaux exotiques ou encore
l’aménagement paysager.
En rétrospective, quelles sont les
réalisations professionnelles dont vous êtes
le plus fier.
Je dirais que c’est le Centre de formation
médicale du Nouveau-Brunswick. J’ai
longtemps rêvé à ce projet. Je suis aussi
très fier du programme de médecine
familiale qui a en quelque sorte tracé la
voie au Centre de formation médicale.
C’est grâce à ce programme qu’on a
pu développer une certaine expertise
en éducation médicale. Au niveau
du système de santé, je suis fier de la
Société Santé et Mieux-être en français
du Nouveau-Brunswick, ainsi que de la
Société santé en français.
Entretiens
« J’adore
transformer
les défis en
opportunités »
ENTRETIENS
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