La professeure d'histoire Andrée Courtemanche prononcera la quatrième Conférence de la FESR

Andrée Courtemanche, professeure au Département d'histoire-géographie, prononcera la quatrième Conférence de la Faculté des études supérieures et de la recherche de l'Université de Moncton, intitulée "Prendre la route vers Manosque. Une expérience migrante en Provence aux 14e et 15e siècles", le jeudi 1er février à compter de 15 heures dans le salon du Chancelier (227) du pavillon Léopold-Taillon.

Spécialiste de l'histoire sociale de la Provence de la fin du Moyen âge, Andrée Courtemanche oriente ses recherches dans les domaines de l'histoire des femmes, de la famille, de la criminalité et de l'immigration.

De sa thèse de doctorat soutenue en 1987 à l'Université Laval, elle a tiré un ouvrage intitulé "La richesse des femmes. Patrimoines et gestion à Manosque au 14e siècle". Grâce au soutien financier de différents organismes subventionnaires, elle a entrepris des recherches sur les structures familiales et l'immigration lors des crises des 14e et 15e siècles. Elle a publié plusieurs articles sur ces thèmes dans des revues ou des ouvrages collectifs au Canada et en Europe.

Avec Martin Pâquet, elle codirige un ouvrage à paraître en avril sur l'expérience migrante en Europe et en Amérique du nord du 14e au 20e siècle, recueil qui regroupe des textes de spécialistes européens et canadiens des migrations. Récemment, elle s'est intéressée à l'histoire de la médecine médiévale, en particulier l'utilisation des expertises médico-légales dans les cours de justice en Provence. Elle est d'ailleurs membre fondatrice avec des collègues des départements d'histoire et de sociologie ainsi que de l'École de sciences infirmières, du Groupe d'étude et de recherche sur l'histoire du changement social et la santé.

La conférence portera sur les individus, familles et groupes qui ont quitté leur village pour s'établir à Manosque pendant les derniers siècles du Moyen Âge. L'image longtemps véhiculée du paysan médiéval attaché à sa glèbe, n'ayant pour horizon que les limites de son champ a vécu. Elle a été remplacée par une vision montrant plutôt que paysans et ouvriers ont pris les routes en quête d'une vie meilleure dans un nouvel environnement. Ce mouvement comporte des conséquences la principale étant le déracinement et la solitude guettant ces gens lors de leur migration vers la ville. Cette situation entraînerait parfois la marginalité, la violence voire la criminalité.

Par l'étude des flux migratoires vers Manosque aux 14e et 15e siècles, cette conférence veut montrer que, si l'exclusion peut exister, elle n'est pas inévitable. En effet, le mouvement vers Manosque se caractérise par un modèle familial où père, mère et enfants prennent la route ensemble. Ainsi, l'immigrant seul, sans soutien, reste rare. Dans ces conditions, les réseaux de solidarité issus de la parenté et du partage d'origine géographique commune facilitent l'insertion des personnes immigrantes dans la société d'accueil. De ce fait, ces réseaux offrent soutien et aide au moment de l'établissement dans la ville de même que dans la phase d'adaptation aux nouvelles conditions de vie et de travail.

Afin d'éclairer ce processus, l'étude s'appuie sur deux niveaux d'analyse : une macro-analyse du phénomène migratoire permettant d'en décrire les caractéristiques générales, et une micro-analyse des relations sociales des migrants et migrantes avec les membres de la société d'accueil et celles qui sont maintenues avec la communauté d'origine. Cette double analyse permet d'appréhender toute la complexité du phénomène migratoire observé à la fin du Moyen Âge.

Bienvenue aux personnes intéressées.


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