Mardi 13 Décembre 2022
Traitement du fonds de Jean-Paul Chiasson conservé à la Société historique Nicolas-Denys
La professeure de gestion documentaire, Florence Ott, et son étudiante, Josephat Deborah Yango Bora, classant le fonds de Jean-Paul Chiasson, durant le semestre d’automne 2022.
Agrandir l'image
Les étudiantes et étudiants du cours de traitement de l’information au baccalauréat en gestion de l’information de l’Université de Moncton, campus de Shippagan (UMCS), se sont initiés au classement d’archives durant le semestre d’automne 2022.
Grâce à la collaboration de la Société historique Nicolas-Denys, qui conserve notamment les archives privées d’institutions ou de personnes francophones de la Péninsule acadienne, l’UMCS peut profiter d’une école d’application pour ses étudiantes et étudiants en gestion documentaire pour travailler sur des fonds d’archives historiques. N’oublions pas que le cœur du métier d’archiviste est centré sur la collecte et la conservation des archives historiques dans un souci de préserver la mémoire des organisations autant que sur la gestion des documents pour répondre aux obligations règlementaires et assurer la continuité des activités. De ce fait, cela est très complémentaire de la formation aux documents numériques, car les fonds patrimoniaux restent une importante source d’informations pour qui veut s’informer sur l’histoire d’une famille, la vie économique et sociale d’une région.
Le fonds qui est en cours de classement est celui de Jean-Paul Chiasson, né en 1884, qui a joué un rôle important dans la Société l’Assomption au cours des années 1940. Il a été tour à tour instituteur, marchand à Lamèque, mais s’est également occupé de l’Association des fermiers du Nouveau-Brunswick et a toujours été un fervent défenseur de la cause acadienne.
On retrouve dans le fonds une quinzaine de registres retraçant les évènements de sa vie privée et professionnelle à partir de 1908 jusqu’à 1978, quelques mois avant sa mort. Cela est très émouvant, car on voit son écriture trembler de plus en plus à 94 ans.
Même si la période bien représentée s’étend de 1936 à 1975, on retrouve de nombreuses anecdotes sur la vie à Lamèque. Pour l’année 1915, on lit tout un florilège d’informations sur la vie sociale et économique. On peut lire l’agrandissement de l’école de Lamèque de 15 pieds et Léon Savoie enseigne avec lui. Il a organisé un piquenique qui a rapporté un « joli montant » de 1600 dollars avec des habits à vendre. En juin 1915, il mentionne le naufrage à Néguac de la goélette de Johnny Haché entrainant la mort de cinq pécheurs. En septembre, un navire norvégien, le « castor » est au quai. Une grosse tempête fin septembre 1915 a empêché le Beaver d’aller à Caraquet. Le 21 octobre 1915 a lieu une assemblée en faveur du recrutement de soldats. Un lieutenant qui a été blessé au front encourage des volontaires à s’inscrire avant de retourner faire la guerre. Le curé fait un appel pour faire un quai de branches pour protéger le terrain de l’église et 72 hommes ont répondu à l’appel. Vendredi 31 décembre 1915, le collège du Sacré-Cœur de Caraquet est passé au feu et les frères n’ont rien pu sauver.
Plus tard, il est question de pêche. Il a fallu attendre le 14 mai 1926 pour que la principale banquise de glace décolle, mais la pêche à la morue et au homard a été assez pauvre, pareil en 1927. En 1928, la pêche au homard est toujours difficile, surtout du côté de la Baie des Chaleurs, mais la morue est abondante. Il est aussi souvent question de météo comme le 5 avril 1940, quand « Yves Haché a jeté sa jument dans la glace en traversant dans le chemin balisé de Savoy Landing à Shippagan » en raison d’une forte poudrerie.
En plus du mètre linéaire d’archives, près de 400 cartes postales ont été identifiées qui évoquent les années 1906-1907 quand Jean-Paul Chiasson était à l’école normale. On y découvre la vie de l’étudiant à Fredericton.
Le fonds est loin d’avoir livré tous ses secrets, car une caisse entière de photographies demande encore à être dépouillée, mais il faudra de l’aide pour identifier les photographies qui n’ont pas de légende. Cependant, pour les étudiantes et étudiants, cet exercice pratique leur a permis de comprendre la méthodologie et le classement d’un fonds jusqu’à l’élaboration d’un instrument de recherche. Encore merci à la Société historique Nicolas-Denys d’avoir permis aux étudiantes et étudiants de se familiariser avec l’histoire locale tout en permettant de mettre en valeur le rôle important de sauvegarde du patrimoine.
Retourner aux nouvelles