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L’œuvre de Lafrance fut relancée par
les pères de Sainte-Croix venus de
Montréal en 1864, avec à leur tête
le dynamique Camille Lefebvre. Ce
jeune prêtre canadien-français (il avait
33 ans en 1864) investira toute sa vie
dans le développement d’un collège
classique bilingue offrant en Acadie
à la fois un cours commercial et un
cours classique. Assez rapidement, la
population étudiante de l’institution
déborde du Nouveau-Brunswick; des
élèves proviennent également des autres
provinces des Maritimes, du Québec
et de la Nouvelle-Angleterre. Des
familles protestantes y envoient même
leurs fils. En 1868, Fredericton accorde
au collège le statut d’université, et en
1888, l’institution décerne ses premiers
diplômes universitaires. Lorsque le père
Camille Lefebvre décède en 1895, le
Collège Saint-Joseph est en expansion,
devenant en 1898 l’Université du
Collège Saint-Joseph, puis en 1928,
l’Université Saint-Joseph. Avec les
années, trois autres institutions de
Moncton vont s’affilier à
l’Université Saint-Joseph, soit le
Collège l’Assomption, fondé en 1943, le
Collège Notre-Dame d’Acadie, qui fut
établi en 1949, et le Séminaire
Notre-Dame du Perpétuel-Secours,
qui a ouvert ses portes en 1956.
Un autre collège pour garçons va voir le
jour en Acadie du Nouveau-Brunswick
en 1876, plus précisément à
Saint-Louis-de-Kent. Le
Collège Saint-Louis, fondé par l’abbé
Marcel-François Richard, grand patriote
acadien, rivalisa pendant quelque
temps avec le Collège Saint-Joseph.
La fondation du futur père de la fête
nationale acadienne et du drapeau
acadien dut cependant fermer ses portes
Dossier
> Histoire de
l’Université de Moncton
Une tradition centenaire
L’ouverture du Collège Saint-Joseph
de Memramcook en 1864 par les pères
de Sainte-Croix marque les véritables
débuts d’un enseignement supérieur de
langue française en Acadie. Cependant,
deux autres fondations avaient tenté
de doter la société acadienne d’un
collège pour garçons, comme on en
comptait déjà beaucoup au Québec,
et que les anglophones des Maritimes
commençaient également à établir. En
effet, le Collège de Grande-Digue, qui
offrit un enseignement bilingue de 1832
à 1835, avait été créé avec l’objectif
d’encourager les vocations sacerdotales
chez les jeunes Acadiens du sud-est du
Nouveau-Brunswick. En 1854, l’abbé
François-Xavier Lafrance, grand
pionnier de l’enseignement supérieur
de langue française en Acadie, avait
ouvert dans sa paroisse de Memramcook
le Séminaire Saint-Thomas, un collège
qui accueillit plusieurs jeunes Acadiens
et anglophones avant sa fermeture en
1862 pour des raisons d’ordre financier.
L’abbé Lafrance déplorait le manque
d’éducation de la population acadienne
en constatant « que le pauvre peuple
acadien n’a jamais eu justice jusqu’à
présent, du côté de l’éducation ».
en 1882, en
raison du manque
d’appui de la part de l’évêque du diocèse
de Chatham, M
gr
James Rogers. En effet,
l’enseignement du français était très
présent au Collège Saint-Louis, au grand
dam de plusieurs élèves irlandais et
surtout de l’évêque Rogers, qui souhaitait
une institution beaucoup plus bilingue.
L’Université Saint-Joseph ne connaîtra
certes pas le même sort que le
Collège Saint-Louis. Elle va former des
générations de jeunes hommes
qui seront appelés à devenir
des leaders dans la société acadienne
et même anglophone, dont le premier
sénateur acadien, Pascal Poirier, le
premier juge acadien,
Pierre-Amand Landry, l’historien
et généalogiste, Placide Gaudet, le
pédagogue et fonctionnaire provincial,
Alphée Belliveau, le futur premier
ministre du Nouveau-Brunswick,
Henry Robert Emmerson, et des
générations d’avocats, de médecins,
de prêtres et d’hommes d’affaires.
L’Université Saint-Joseph est également
reconnue pour ses équipes sportives,
notamment les Aigles Bleus au hockey,
et pour sa chorale, fondée en 1946 par le
talentueux père Léandre Brault, chorale
qui va remporter des prix nationaux.
L’arrivée du père Clément Cormier, un
Acadien originaire de Moncton, comme
recteur de l’Université Saint-Joseph à la
fin des années 1940, allait grandement
marquer l’histoire de l’institution.
Le père Cormier se veut résolument
moderne, ayant été formé à
l’École des sciences sociales de
l’Université Laval avec, comme
professeur et confident, le dominicain
Georges-Henri Lévesque.
1864-1963