Tremblay, Rémi (1847-1926)
Nom : Tremblay
Prénom(s) : Rémi
Pseudonyme(s) : Père Louison et Cétacé (dans Le Canard), Fanfan Mimiche, Blaguefort, Vicomte de Blague-Fort, Turlututu, Moi Zotis et Sévère Sansfaçon
Date de naissance (jour mois année) : 2 avril 1847
Date de décès (jour mois année) : 30 janvier 1926
Lieu de naissance : Saint-Barnabé, comté de Saint-Hyacinthe, Québec
Lieu de décès : Pointe-à-Pitre, Guadeloupe
Formation (lieu, école, collège, années, domaine d’études, terminées ou non, prix) :
Sainte-Victoire (comté de Richelieu), école primaire
Montréal, École militaire de Montréal, brevet d’officier, 1866
Carrière (lieu, employeurs, postes, responsabilités, dates) :
Contrecœur, Québec, commis dans un magasin
Massachusetts, armée américaine, 14e régiment d’infanterie du Massachusetts (guerre de Sécession), soldat, 1863
Chasseurs canadiens, participation à la campagne contre les Féniens, 1866
Woonsocket, Rhode Island (États-Unis), commis chez un épicier et dans un marchand de vêtements, 1867-1871
Woonsocket, Rhode Island (États-Unis), club dramatique, cofondateur
Vermont (États-Unis), journal Le Protecteur de Saint-Albans, correspondant, 1868
Woonsocket, Rhode Island (États-Unis), Société Saint-Jean-Baptiste de Woonsocket, secrétaire et correspondant, 1869
Sherbrooke, journal Le Pionnier de Sherbrooke, Hubert Cabana et Louis-Charles Bélanger, collaborateur régulier, 1869-1871
Sherbrooke, journal Progrès de Sherbrooke, Louis-Charles Bélanger et frères, rédacteur
Montréal, journal La Minerve, traducteur, remplaçant du traducteur Hector Berthelot lors d’un congé de maladie, 1877
Saint-Lin, journal Les Laurentides, directeur, 1877
Montréal, journal Le Canard, collaborateur, 1877
Joliette, journal La Gazette de Joliette, 1877-1878
Montréal, journal Le Courrier de Montréal, Napoléon Duvernay, rédacteur en chef, 1879-1880
Montréal, journal Le Canard, rédacteur en chef, 1880
Ottawa, gouvernement fédéral, traducteur des débats, 1880-1887 (premier traducteur de la fonction publique fédérale à être nommé après avoir fait un examen d’admission et non à cause de favoritisme politique)
Montréal, journal Le Canard, propriétaire (avec Aristide Filiatreault), 1881
Fall River, Massachusetts (États-Unis), journal L’indépendant, 1885
Fall River, Massachusetts (États-Unis), Ligue des Patriotes, fondateur (avec le juge Hugo Dubuque), 1885
Québec, journal La Justice, journaliste, 1888-1889
Worcester, Massachusetts (États-Unis), journal L’Opinion publique, journaliste, 1894-1896
Ottawa, Chambre des communes et assistant-bibliothécaire à la Bibliothèque du Parlement, 1896-1922
Lieux variés, journaux La Presse, Le Monde illustré, L’Étendard, La Patrie, La Revue nationale, Canada-Revue, collaborateur régulier
Traductions (signées, inédites, publiées) :
Montréal, Débats, traducteur, 1880
Autres écrits (signés, inédits, publiés) :
Chansonnier politique du Canard, 1879
Caprices poétiques et chansons satiriques, Montréal, A. Filiatreault & Cie, 1883
Un revenant, épisode de la guerre de sécession aux États-Unis, Montréal, Typographie de la Patrie, 1884
Aux chevaliers du nœud coulant, poème écrit à Stoke Centre (Cantons-de-l’Est, Québec), publié dans plusieurs journaux, 1887
Coups d’ailes et coups de bec, Montréal, Imprimerie Gerhardt Berthiaume, 1888
Boutades et rêveries, Fall River (MA, É.-U.), Société de Publication de l’Indépendant, 1893
Vers l’idéal, Ottawa, Compagnie d’imprimerie commerciale, 1912
Pierre qui roule, Montréal, Librairie Beauchemin, 1923
Mon dernier voyage à travers l’Europe, Montréal, Éditions Édouard Garand, 1925
Faits intéressants
Le revenu de Rémi Tremblay, pour son poste de traducteur, est de 1000 $ par année. – Levasseur (2007), p. 268
Tremblay a connu Calixa Lavallée en Nouvelle-Angleterre et ils ont composé trois chansons ensemble : Restons français (l’hymne de la Ligue des Patriotes, dont Lavallée était membre), L’Absence et Le chant des trappeurs. Tremblay a composé pour son ami un hommage, « Papillon blanc », qu’il a publié dans Boutades et rêveries (1893). – Jean Levasseur (2007), introduction, p. XXVI
En 1870, Tremblay a organisé une cueillette de fonds dans le village de Woonsocket, où il habitait à l’époque, pour venir en aide aux Parisiens, alors assiégés par les Prusse. Il a aussi publié, dans Le Pionner de Sherbrooke, plusieurs articles appuyant la position des Français. Les Canadiens français et Franco-américains étaient pour la plupart très critiques de la France depuis la laïcisation. Le curé de Woonsocket a expulsé Tremblay du chœur de l’église et l’a querellé au point de le pousser à revenir au Canada. – Levasseur (2007) p. 326
Bien que Tremblay ait été journaliste pendant si longtemps, il a souvent déploré le manque de qualité du français des journaux, et le fait que les journalistes gardent souvent leur poste à cause de favoritisme politique, et non grâce à leur talent. « L’intrigue, le favoritisme, le manque de discernement et l’incompétence bien connue d’un grand nombre de propriétaires de journaux sont cause que les moins méritants sont presque invariablement préférés. Et l’on s’étonne après cela de voir nos journaux remplis de coq à-l’âne, de fautes de français, de balourdises et de naïvetés grotesques. On s’étonne que le public les trouve mal faits. Il y a vraiment de quoi. » — dans Levasseur (2007) p. 307-308.
Tremblay s’est souvent prononcé contre ce qu’il appelle « l’anglomanie » et la « francophobie ». En janvier 1880, lorsqu’il était rédacteur en chef du journal Le Courrier de Montréal, il publie une série d’articles sur le sujet, dont voici un extrait : « Les anglifiés se divisent en deux classes bien distinctes : ceux qui sont fermement convaincus que les Canadiens ne feront jamais rien de bon que lorsqu’ils seront devenus anglais, et ceux qui, tout en restant français de cœur, s’anglifient par routine sans trop savoir pourquoi, et se laissent entraîner par le courant parce qu’ils croient que c’est de bon ton. » — cité dans Levasseur (2007) p. 236
Tremblay publie bon nombre de textes et de poèmes portant sur la crise des chemins de fer du Québec de 1884. Dans ces textes, il se penche sur la personne de John A. Macdonald, sur les conséquences pour le Québec des subventions au Canadien Pacifique, et sur l’attitude des ministres canadiens-français. Laisse entrevoir les germes du nationalisme économique québécois. – Levasseur, p. 89-90
En 1885, Tremblay était à Fall River (MA), à la demande du juge Hugo Dubuque, pour faire d’une délégation de Franco-américains qui s’élevaient contre la décision de l’évêque du comté de remplacer les curés francophones par des Irlandais. Cet effort a échoué et l’église a finalement fermé ses portes. C’est dans ce tumulte que Tremblay a créé le journal L’indépendant. Tout au long de sa carrière, Tremblay a défendu les Franco-américains, même si la majorité des Canadiens français les considéraient comme des traîtres à la nation. – Levasseur (2007) p. 260-261
En 1887, la Chambre est dissoute et une élection fédérale est annoncée. Tremblay, alors à Stoke Center, y voit la chance de débarrasser le pays du parti conservateur, surtout des 23 députés canadiens-français qui ne se sont pas prononcés contre la tenue du procès Louis Riel en 1885. Il se plonge dans la scène politique du comté de Richmond-Wolfe, mais est défait par William Bullock Ives du parti conservateur. Quatre jours après l’élection, Tremblay compose « Aux chevaliers du nœud coulant. » Le poème est publié en mars dans Le Progrès de l’Est (Sherbrooke), et dans La Patrie. Tremblay est rappelé à Ottawa en février 1888 pour la session parlementaire. Un groupe composé par Macdonald, Joseph-Aldéric Ouimet (orateur de la Chambre) et Hector Langevin et J.C. Costignan (députés conservateurs), annonce la mise à pied de Tremblay et d’Ernest Tremblay et Eudore Poirier, deux autres traducteurs qui ont se sont mêlés de politique pour le parti libéral. Le poème est le seul de l’histoire du pays à avoir été censuré par une autorité autre que celle de l’Église. – Levasseur (2007) p. 106 à 109.
Parce que le congédiement de Rémi Tremblay, et de deux autres traducteurs, est causé par des écrits publiés dans des journaux, ces documents (suivant l’usage), sont imprimés dans les Procès-verbaux de la Chambre des communes. « Aux chevaliers du nœud coulant » entre donc aux archives du Parlement. – Jean Levasseur (2006) dans Hébert, Lever et Landry, p. 58 à 60
Écrit une lettre à Honoré Mercier le 21 septembre 1889, à propos de l’offre de poste qu’il reçoit à l’Étendard. Tremblay voulait un poste permanent qui lui offrirait la stabilité à longueur d’année ou un poste qui ne lui demanderait que trois mois de travail par année, et éprouve quelques difficultés avec les personnes responsables du journal qui ne semblent pas tenir leurs promesses, selon la lettre qu’écrit Tremblay à Mercier. – lettre de Tremblay à Honoré Mercier, datée le 21 septembre 1889
Documents consultés (liste des références)
Delisle, Jean (1987). La traduction au Canada, 1534-1984 / Translation in Canada, 1534-1984. Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa.
Fonds Rémi Tremblay, Centre de recherche en civilisation canadienne-française, Université d’Ottawa. Repéré en ligne à : http://www.crccf.uottawa.ca/fonds/P10.html.
Hébert, Pierre, Yves Lever et Kenneth Landry (2006). Dictionnaire de la censure au Québec – Littérature et cinéma. Montréal, Fides.
Levasseur, Jean (2006). « Aux chevaliers du nœud coulant ». Dans Hébert, Pierre, Yves Lever et Kenneth Landry, éds. Dictionnaire de la censure au Québec – Littérature et cinéma. Montréal, Fides.
Levasseur, Jean (2007). Aux chevaliers du nœud coulant : Poèmes et chansons. Québec, Presses de l’Université Laval.
Tremblay, Rémi (1889). « Lettre de Rémi Tremblay au premier ministre du Québec, Honoré Mercier, 21 septembre 1889 », Fonds Rémi Tremblay P10, Centre de recherche en civilisation canadienne-française, Université d’Ottawa, Ottawa, Canada
Signée : Karine Lauzon Date : 24 janvier 2013
Modifiée par : Ariel LeBlanc Date : 4 mars 2014