Nous n'avons qu'à ne pas inhaler!

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a accordé à Bennett Environmental un permis de construire un incinérateur de déchets toxiques à Belledune. Cette usine traitera 100,000 tonnes par an de terre contaminée par les hydrocarbures (huile, mazout, etc.) et de matériaux contaminés par la créosote, provenant principalement des États-Unis. La créosote est un mélange d'environ 300 substances, incluant du biphényl, du pyrène, du phénantrène, du naphtalène et du fluorène. Ces dernières substances sont toutes très cancérigènes (référence: Agency for toxic substances and disease registry). Bien sûr, le système prévu pour l’incinération de ces déchets toxiques comporte plusieurs étapes de traitement et mesures de sécurité qui, en théorie, devraient permettre d’émettre très peu de produits toxiques dans l’atmosphère et dans l’eau. Malheureusement, une usine réelle ne fonctionne jamais aussi bien qu’une usine dessinée sur un bleu d’architecte. Cela fait d’ailleurs sept ans que la construction d’incinérateurs de ce type n’est plus permise aux États-Unis.

Nous pouvons prendre pour modèle une usine de même type que la compagnie Bennett Environmental a construite à Saint-Ambroise, au Québec, afin d’avoir une idée de ce qui pourrait se produire dans l’avenir si le projet de Belledune allait de l’avant. À Saint-Ambroise, des pannes des systèmes de sécurité se sont produites régulièrement (de 3 à 10 fois par année), causant la libération de substances toxiques dans l’atmosphère. Ces substances se sont déposées et sont donc maintenant dans le sol et dans l’eau de la région de Saint-Ambroise, où elles s’accumulent d’une panne à l’autre, car leur taux de dégradation est très lent. Tout comme pour le projet de Belledune, la compagnie Bennett Environmental a d’abord commencé par incinérer des hydrocarbures et de la créosote. Par la suite, elle a demandé et obtenu des permis pour traiter d’autres types de déchets, dont les BPC (biphényls polychlorés) et la dioxine. La dioxine est l’une des substances les plus toxiques que l’on connaisse: elle est cancérigène et provoque des effets toxiques sur la reproduction, l’immunité et le système nerveux (référence: Conseil supérieur d’hygiène publique de France). Dans sa description des installations prévues à Belledune, la compagnie Bennett Environmental mentionne qu’elle ne peut garantir qu’elle se limitera aux hydrocarbures et à la créosote. Servons-nous des leçons de l’histoire de Saint-Ambroise pour deviner ce qui risque de se passer à Belledune…

La ville de Belledune a déjà le triste titre de 7e ville la plus polluée au Canada et l’établissement d’un incinérateur de déchets toxiques risque fort de lui faire gagner une ou deux places à ce palmarès. Ne vous croyez pas à l’abri sous prétexte que vous habitez à Shippagan, Lamèque ou Miscou. Les vents et les courants marins entraînent les poussières contaminées bien loin de leur point d’origine. Je vous invite donc à vous mobiliser afin de contrer ce projet. Vous pouvez signer la pétition, venir aux réunions d’information, participer aux manifestations. Il n’est pas (encore) trop tard.

Elise Mayrand


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