Une autre pionnière nous quitte

En l'espace de quelques mois, l’Université de Moncton, campus de Shippagan a vu deux pionnières de l’enseignement universitaire au Nord-Est nous quitter.

En août 2002, Sr Irène Léger qui a marqué l’histoire du Collège Jésus-Marie, devenu en 1977, le campus de Shippagan de l’Université de Moncton, décédait à Lauzon au Québec. Le 29 mars dernier, avaient lieu les funérailles à Shippagan de madame Marie-Esther Robichaud, une pionnière de l’éducation en français au Nouveau-Brunswick.

Les éloges entendus aux funérailles auront permis de réaliser l’œuvre colossale réalisée par Marie-Esther Robichaud. À une époque où il n’était pas facile pour une femme francophone du milieu rural de tracer sa voie, cette dame fera la preuve qu’avec la ténacité et une vision, il est possible d’accomplir de grande chose.

Successivement enseignante, directrice d’école et administratrice scolaire, elle a joué un rôle déterminant dans de nombreuses associations vouées au progrès de la population acadienne, particulièrement dans le domaine de l’éducation. Ceux et celles qui l’ont connue savent qu’elle ne s’en est jamais laissé imposer et qu’elle a défendu avec acharnement la place des francophones dans la gestion de l’éducation. Elle est de ces visionnaires qui ont amené la mise sur pied de l’Association des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick.

Son acharnement au renforcement de l’éducation chez les francophones l’amènera à épouser la cause du Collège Jésus-Marie et à devenir une fière alliée des religieuses Jésus-Marie. Il fallait la voir au Comité aviseur du Collège défendre inlassablement la présence de l’enseignement supérieur dans la péninsule Acadienne. Pendant plusieurs années, elle deviendra la voix de l’institution auprès des anciennes et des anciens. Avec des moyens de fortune, elle rédigera périodiquement un bulletin d’information qui permettra aux anciennes et aux anciens de prendre connaissance de l’évolution de leur Alma Mater. Dans un bulletin d’août 1975, elle écrivait : « Chère (cher) Toi, Cette fois, je vous arrive au beau milieu des vacances encore tout amortie par les chaleurs brûlantes de juillet. Comme dirait le chansonnier : « As-tu deux minutes à m’accorder? » Sinon, tu me liras en septembre ou en octobre. »

Jusqu’à son départ cinq ans passés pour les Résidences Mgr Chiasson, elle se fera un devoir de transmettre annuellement sa carte de Noël au personnel et aux étudiants de l’institution.

En plus de son rôle en éducation, Marie-Esther Robichaud marquera la vie communautaire et culturelle de la région. Organiste attitrée à l’église St-Jérôme de Shippagan pendant plusieurs années, elle sera à l’origine de cours de flûte à bec qui ont précédé la mise sur pied du Camp musical et artistique de Shippagan. Elle sera également très active au sein du Festival de musique et consacrera beaucoup d’énergies à la vie patrimoniale à travers la Société historique Nicholas-Denys.

Somme toute, une dame petite de taille, mais l’œuvre fut grandiose. L’Université de Moncton a reconnu sa contribution à deux reprises en lui décernant le titre de professeur émérite en lettres en 1975 et un doctorat d’honneur en sciences de l’éducation en 1983.

Marie-Esther Robichaud laisse dans le deuil, entre autres, le professeur de physique Jacques Robichaud et Dina Mallet, animatrice pédagogique au Centre international d’apprentissage du français, ses neveu et nièce respectivement.

De conclure le vice-recteur Armand Caron : « C’est un véritable monument que nous avons perdu avec le décès de Marie-Esther Robichaud. Elle constitue un véritable modèle pour tous les francophones qui oeuvrent en éducation, que ce soit au niveau scolaire ou au niveau postsecondaire ». ¯


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