50//50//50 : 50 ans/50 artistes/50 oeuvres

C’est pour moi un honneur et un plaisir d’avoir pu travailler à la conception et à l’élaboration de cette exposition, à la poursuite d’une aventure qui a commencé de manière très modeste, en 1963, au moment où Claude Roussel a cru qu’il pouvait y avoir ici une volonté de faire en sorte que notre modernité puisse s’exprimer et s’exporter. Il faut dire que la modernité, dans mon esprit du moins, ne constitue pas un rejet du passé mais plutôt une volonté de vouloir établir un dialogue sur des bases communes à travers la société, à travers les cultures et à travers le temps. En ce sens l’art demeure toujours une entreprise de communication. Les arts visuels ne font pas exception.

Cette exposition est donc dédiée à Claude Roussel pour sa foi dans un rêve qui se poursuit toujours dans la construction d’une culture dont nous sommes à la fois les ouvriers et les bénéficiaires. Merci à Claude Roussel d’avoir cru que notre culture n’était pas uniquement fondée sur le passé mais surtout sur notre avenir, un avenir et une culture qui se poursuivent d’ailleurs dans la diversité, l’effervescence et le dynamisme dont la présente manifestation se veut un témoignage.

Cette exposition souligne et célèbre 50 ans d’enseignement des arts visuels à l’Université de Moncton. Cette manifestation démontre également l’engagement de l’Université envers la culture acadienne et l’énorme impact de cette dimension sur l’identité et l’affirmation de notre modernité. Les cours d’arts visuels seront parmi les premiers cours à option dispensés par la toute nouvelle institution qui célébrait l’an dernier son cinquantième anniversaire. C’est dans un local situé au sous-sol de l’actuelle résidence Lefebvre que sera d’abord donné ce qu’on peut considérer maintenant comme la première formation académique reconnue par une institution universitaire acadienne. Plus tard, le Collège de Bathurst, qui fermera ses portes en 1970, et le Collège Saint-Louis d’Edmundston, deux composantes de l’Université de Moncton, se joindront à cette entreprise qui devait se consolider avec la création en 1972 d’un département dont sont issus les artistes choisis pour l’actuelle exposition.

Il est bien évident que choisir 50 artistes parmi tous les artistes ayant étudié à l’Université de Moncton n’a pas été chose facile et je ne prétends pas avoir fait le tour de tous ces créateurs, dont certains sont au loin ou ont perdu contact avec leur alma mater ou ont tout simplement changé de domaine et de pratique. Pour cette raison, il y a donc un assez grand nombre d’artistes vivant en Acadie. Le chiffre de 50 est lui aussi arbitraire et il s’est imposé en fonction des 50 ans de la célébration.

Malgré son envergure je suis très conscient qu’il y a beaucoup d’autres artistes qui auraient pu faire partie de cette entreprise mais j’ai dû me limiter à quelques-uns, à quelques-unes. C’est le rôle ingrat du commissaire de choisir des oeuvres dans lesquelles il se reconnaît. En ce sens ceci constitue une sorte de vision, de parti-pris, de portrait incomplet de l’effervescence qui accompagne cette aventure qui s’étend maintenant sur plus de 50 ans.

J’ai voulu donner un survol assez éclectique de la  production issue de l’enseignement dispensé au Département des arts visuels, institution qu’ont fréquenté tous les artistes inclus dans cette exposition. Intégrer ces différentes visions, ces différentes personnalités et ces différentes pratiques dans un tout cohérent est une entreprise complexe et à laquelle j’ai fini par renoncer. Il y a dans l’art un foisonnement qui fait sans doute partie de l’attrait qu’il exerce sur nous. 50 artistes, cela fait quand même de cette manifestation la plus importante exposition du genre regroupant des artistes dont le travail s’est produit au cours des 50 dernières années. Il va sans dire que d’arriver à intégrer autant d’artistes, de pratiques et d’oeuvres dans un espace aussi limité que celui de la Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen n’a pas été de tout repos non plus. Je remercie en ce sens le personnel de la Galerie qui m’ont considérablement aidé et appuyé dans ce projet.

Je remercie Casino Nouveau-Brunswick qui me permet d’être artiste en résidence aux Universités de Moncton et Mount Allison et la direction de l’Université pour leur encouragement et leur confiance. Et surtout je remercie les artistes de leur disponibilité et de leur générosité à faire en sorte que cette exposition puisse voir le jour dans les délais prévus.

L’art Acadien s’étend maintenant sur quatre générations mais qu’on soit dans la quatre-vingtaine ou dans la vingtaine je suis convaincu que nous formons tous une grande famille dont le seul but est d’exprimer le plus fidèlement et le plus intensément possible notre vision, notre réalité et notre culture.

Herménégilde Chiasson
Commissaire invité
Février 2014

Communiqué de presse     Press release

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Documentation photo : Mathieu Léger

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