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Décembre 2011 No 11
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l’organisme. Ces hormones (appelées
adipokines) peuvent entraîner de
multiples conséquences au niveau de
la santé de l’individu. Ces hormones,
incluant la leptine, l’adiponectine, la
résistine et la ghréline, influencent le
métabolisme énergétique, étroitement lié
au développement du diabète de type 2
et à l’obésité. Leurs rôles dans l’appétit,
l’insulinorésistance et l’athérosclérose
ont été intensément étudiés, mettant
en évidence une forte relation entre
l’obésité et un taux de morbidité accru
pour plusieurs maladies.
Chez l’homme, l’obésité abdominale est
associée à des niveaux de testostérone
plus faibles et à une plus grande chute
de la production de testostérone en
fonction de l’âge. Une réduction des taux
sanguins de testostérone chez l’homme
obèse peut être responsable d’une plus
faible production de spermatozoïdes.
Les causes possibles d’une telle réduction
sont multiples et incluent des actions
des adipokines sur différents niveaux
de l’axe hypothalamus-hypophyse-
gonades (HPG), à la base du contrôle de
la reproduction. Parmi les adipokines,
la leptine (une hormone qui induit
normalement la sensation de satiété)
est capable d’inhiber la sécrétion de
testostérone au niveau du testicule.
Cette réduction de la production
de testostérone pourrait retarder
l’apparition et le maintien de la
production de spermatozoïdes,
et par conséquent entraîner des
problèmes de fertilité.
De plus, la testostérone chez l’homme
n’est pas seulement importante
pour assurer une bonne capacité
reproductive, mais également pour
éviter l’apparition de symptômes reliés
au vieillissement, globalement appelé
andropause. En outre, une réduction de
la testostérone sanguine est également
Nous sommes tous plus ou moins
préoccupés par notre poids.
Malgré tout, près de 60 % de la
population adulte canadienne souffre
d’embonpoint ou d’obésité. Au
Nouveau-Brunswick, les taux d’obésité
(IMC ≥ 30 kg/m
2
) pour les hommes
(31 %) et les femmes (28 %) dépassent
la moyenne nationale (23 % pour les
hommes et les femmes) (Statistiques
Canada, 2004). En conséquence,
l’obésité constitue un problème de
santé majeur au Nouveau-Brunswick.
Comme on le sait, un surplus de poids
représente un risque accru pour plusieurs
maladies, notamment le diabète de
type 2, les troubles respiratoires, les
maladies cardiovasculaires, les maladies
de la vésicule biliaire, les atteintes de
la glande thyroïde, les troubles de la
fonction immunitaire, certains types
de cancer (comme celui du sein,
de l’endomètre et de la prostate),
les irrégularités menstruelles, les
complications lors de la grossesse,
les problèmes psychosociaux et la
diminution de la fertilité
1
. De plus,
les coûts directs et indirects associés à
l’obésité au Canada dépassent
4,3 milliards de dollars par an en soins
de santé, en pertes économiques et en
diminution de l’espérance de vie
2
. Au
Nouveau-Brunswick, les coûts directs
associés à l’obésité représentent plus de
7,5 % du budget provincial en soins
de santé et deviennent de plus en plus
importants.
Le tissu adipeux n’est pas seulement un
tissu de réserve d’énergie, il représente
également un tissu endocrinien
important, particulièrement chez les
personnes souffrant d’obésité. Ainsi,
plus la masse adipeuse est importante,
plus la quantité d’hormones libérées
par ce tissu devient considérable pour
reliée au développement de maladies
cardiovasculaires, de l’athérosclérose et à
une espérance de vie plus courte chez les
hommes atteints.
L’équipe de recherche du professeur
Martin Filion tente de mieux
comprendre les mécanismes d’action
des hormones dérivées du tissu adipeux
sur la fonction du testicule. Plus
précisément, l’intérêt de son laboratoire
est d’expliquer les mécanismes d’action
moléculaires à l’origine des effets de la
leptine et des autres hormones dérivées
du tissu adipeux sur la production de
testostérone dans le testicule. Ainsi,
l’identification de gènes reliés à la
stéroïdogenèse qui sont affectés par les
adipokines, et la caractérisation des
voies de signalisation impliquées dans
les actions de ces hormones dans les
cellules de Leydig du testicule sont à
entrevoir. Une telle compréhension nous
aidera à mieux gérer les risques associés
à des niveaux faibles de testostérone sur
la santé des hommes atteints d’obésité.
Ce projet de recherche, financé par
la Fondation de la recherche en santé
du Nouveau-Brunswick (FRSNB),
représente une première tentative visant
à comprendre l’impact de l’obésité sur
la fonction gonadique chez l’homme.
Ces études contribueront certainement
à mieux définir les conséquences d’une
augmentation de l’obésité dans
notre société.
1.
Pi-Sunyer FX. The obesity epidemic:
pathophysiology and consequences of obesity.
Obes. Res. 2002;10 Suppl 2:97S-104S.
2.
Katzmarzyk PT, Janssen I. The economic costs
associated with physical inactivity and obesity
in Canada: an update. Can J Appl Physiol.
2004;29(1):90-115.
L’obésité et la fertilité
chez l’homme