Bulletin des diplômées et diplômés de l'Université de Moncton - page 9

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L
’année 1854 marque le
début d’un important chapitre
de l’histoire de l’éducation
en Acadie avec la fondation, à
Memramcook, du Séminaire
Saint-Thomas. Le Séminaire
Saint-Thomas, qui porte le nom
du saint patron de la paroisse
de Memramcook, a été mis
sur pied pour les Acadiens en
1854 par l’abbé François-Xavier
Lafrance, le curé de la paroisse.
Originaire du Québec, il ouvre
une école de langue française
à Rustico, à l’Île-du-Prince-
Édouard, où il est vicaire en
1841, et une autre à Tracadie,
dans la Péninsule acadienne,
où il œuvre en tant que curé
de 1842 à 1852, année de son
transfert à Memramcook.
Dans une lettre qu’il envoie
en avril 1854 à l’un de ses
anciens paroissiens de Néguac,
Louis Robichaud, il décrit son
projet de fonder un séminaire à
Memramcook comme
« une grande entreprise ». Pour
l’abbé Lafrance, la fondation
du Séminaire Saint-Thomas
répond à un besoin urgent,
auquel il ne peut demeurer
indifférent :
Vous savez que le pauvre peuple
acadien n’a jamais eu justice
jusqu’à présent, du côté
de l’éducation; et si ceux qui
prennent au milieu d’eux la
douce appellation de pères ne
mettent pas la main à l’œuvre,
ils en seront longtemps
privés encore.
Il faut préciser, toutefois, que le
Séminaire Saint-Thomas
n’est pas la première tentative
d’établir une école supérieure
pour jeunes Acadiens
au Nouveau-Brunswick.
Déjà, en 1832, l’évêque de
Charlottetown,
M
gr
Angus Bernard MacEachern,
avait fondé à Grande-Digue un
petit collège, connu à l’époque
comme le Collège de Gédaïc. Il
doit fermer ses portes en 1835,
mais a quand même contribué
à dispenser un certain
enseignement à un groupe
d’Acadiens et d’anglophones
catholiques. Rappelons qu’à
l’époque, ces collèges étaient
bilingues, tout comme le sera
le Collège Saint-Joseph à sa
fondation en 1864.
L’ouverture du Séminaire
Saint-Thomas n’est pas une
mince affaire. En effet,
Lafrance doit entre autres
affronter l’hostilité de
plusieurs fermiers qui refusent
d’abandonner leurs jeunes
– main-d’œuvre essentielle à
l’unité de production qu’est
la ferme familiale – au projet
éducatif de leur curé. Les
paroissiens de Memramcook ne
sont pas les seuls à penser de
la sorte; de façon générale, la
société acadienne du temps, en
bonne partie pour des raisons
économiques, ne valorise pas
la poursuite d’études suite
au primaire. Combinant
gentillesse et menaces,
l’abbé Lafrance aura gain de
cause et les portes du séminaire
ouvrent le 15 novembre 1854.
Certains Acadiens seront
cependant de grands alliés
du projet éducatif de l’abbé
Lafrance. Ainsi, un instituteur
de Shédiac, Isidore Bourque,
qui avait étudié au Collège
Joliette au Québec de 1848 à
1850, encouragera ses meilleurs
élèves à se diriger vers le
Séminaire Saint-Thomas de
Memramcook.
C’est à son frère,
Charles-Édouard Lafrance,
instituteur à Shippagan, que
l’abbé Lafrance demande de
bien vouloir prendre en main
l’enseignement des cours au
séminaire, ce qu’il accepte
dès l’automne 1854. L’année
suivante, il enseigne aux côtés
d’un nouveau venu, puisque
l’abbé Lafrance retient également
les services de l’Acadien Juste
Haché, instituteur de Caraquet.
Huit ans plus tard, l’abbé
Lafrance doit se résigner à fermer
son séminaire. En effet, des
difficultés financières viennent,
en 1862, sonner le glas de sa
« grande entreprise ». Néanmoins,
le père Clément Cormier, c.s.c.,
recteur-fondateur de l’Université
de Moncton, aura bien raison
de dire de l’abbé Lafrance que
ce dernier a été « un précurseur
efficace ». Le Séminaire Saint-
Thomas prépare effectivement
le terrain pour l’établissement,
en 1864, de l’Université Saint-
Joseph par le père Camille
Lefebvre c.s.c, la nouvelle
institution étant fondée sur le
terrain de l’ancien séminaire.
En 1863, l’abbé Lafrance avait
légué la propriété à
M
gr
John Sweeney, évêque du
diocèse de Saint-Jean, contre
la promesse d’y faire installer
une congrégation religieuse
enseignante francophone.
L’année suivante, le père
Camille Lefebvre, des pères
de Sainte-Croix, arrive à
Memramcook.
Le précurseur : le Séminaire Saint-Thomas
(1854-1862)
Dossier
Photos page 8
, de gauche à droite :
Anna Malenfant,
équipe de football 1947-1948,
Université Saint-Joseph,
Salle de spectacle Monument Lefebvre,
Historique de l’École de commerce,
Pièce de théâtre Monument Lefebvre,
Séminaire Saint-Thomas.
Photo page 9
, Fanfare (Corps de musique)
Collège Saint-Joseph 1894-1895.
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