Bulletin des diplômées et diplômés de l'Université de Moncton - page 11

Dossier
Dès ses premières années d’existence, le
Collège Saint-Joseph attire des élèves non
seulement de la région de Memramcook
et du sud-est du Nouveau-Brunswick,
mais également des quatre coins de la
province, sans oublier de la Nouvelle-
Écosse et du Maine. Institution bilingue,
le collège reçoit un grand nombre d’élèves
anglophones, d’origine irlandaise ou
écossaise, ceux-ci constituant même, en
ces débuts, la majorité de la population
estudiantine. Même s’il s’agit d’une
institution catholique, le collège accueille
aussi des élèves protestants.
Comme l’indique le programme
d’études publié dans le
Moniteur Acadien
du 15 août 1867, le Collège Saint-
Joseph offre dès son ouverture une
variété de cours, tous conformes au
programme des écoles publiques du
Nouveau-Brunswick. C’est en 1868
que le Collège Saint-Joseph est
incorporé par une loi provinciale
lui conférant le pouvoir de décerner
les grades de baccalauréat, de maîtrise
et de doctorat. Le groupe restreint de
professeurs qui y enseignent d’abord doit
faire preuve d’une grande polyvalence
afin de couvrir l’ensemble des
connaissances à transmettre.
Originaires du Québec et de
France, plusieurs d’entre eux sont
membres de la congrégation de
Sainte-Croix. Le premier professeur
acadien de l’institution est un ancien du
collège, l’abbé Philéas-Frédéric Bourgeois,
originaire de Pré-d’en-Haut, dans la vallée
de Memramcook, qui commence à y
enseigner en 1875.
Les premières années du collège ne
sont pas sans défis de taille, le père
Lefebvre et ses confrères continuant
de voir au développement de leur
institution. Certains diplômés
commencent d’ailleurs à faire leur
marque dans la société acadienne,
tels que Pierre-Amand Landry qui
devient, en 1870, le premier avocat
acadien, et Pascal Poirier, premier
Acadien nommé au Sénat en 1885.
Le collège devient aussi un lieu de
rencontre important, comme
en 1881 lorsqu’il est l’hôte de la première
grande convention nationale acadienne,
ou en 1885 lorsque M
gr
John Sweeney
choisit d’y célébrer en grande pompe
le 25
e
anniversaire de son ordination
épiscopale. En 1888, le collège souligne
un événement marquant. À l’aube de ses
vingt-cinq ans, il décerne, le 21 juin de
cette année, ses premiers grades, en plus
d’accorder des grades honorifiques.
À cette occasion, Pascal Poirier prononce
un discours de circonstance très
remarqué traitant de l’importance de
l’enseignement des sciences naturelles
dans les collèges.
Le collège a maintenant des assises
solides. En 1894, une nouvelle loi
provinciale le confirme en détaillant la
gouvernance de l’institution, tout en
confirmant la gestion des pères de
Sainte-Croix qui sont maintenant les seuls
à siéger au Bureau des gouverneurs. Puis,
en 1898, le gouvernement provincial,
toujours dans le cadre d’une loi, accorde
au collège le statut d’université. La
nouvelle Université du Collège Saint-
Joseph a d’ailleurs un allié de taille à
Fredericton en la personne du premier
ministre, Henry Robert Emmerson, qui
avait fréquenté le Collège Saint-Joseph
dans les années 1870. En 1906, la
prestigieuse Oxford University, en
Angleterre, admet l’Université du
Collège de Saint-Joseph « aux privilèges
accordés par le Statut dit des Universités
Coloniales ». Un administrateur
d’Oxford, le Dr George Parkins, vient
d’ailleurs visiter l’institution en 1908,
afin de discuter entre autres de la
possibilité d’attribuer des bourses Rhodes
aux élèves.
Au début du 20
e
siècle, l’Université du
Collège Saint-Joseph n’est plus la seule
institution d’enseignement supérieur
pour garçons en Acadie. Venus de France,
les pères de la Congrégation de Jésus et
Marie, les Eudistes, ont fondé le
Collège Sainte-Anne à Pointe-de-
l’Église, en Nouvelle-Écosse, en 1890,
puis le Collège du Sacré-Cœur de
Caraquet en 1899. Le paysage acadien
de l’enseignement de niveau secondaire
et postsecondaire est maintenant
parsemé d’établissements dirigés par
des communautés religieuses féminines
et masculines. Durant presque toute
l’histoire de l’institution, les Sainte-Croix
et leurs élèves ont reçu les services des
Petites Sœurs de la Sainte Famille fondées
en 1880 par Marie-Léonie Paradis, mieux
connue sous le nom de mère Marie-
Léonie, béatifiée par le pape
Jean-Paul II en 1984. Ces collèges
et couvents, dont certains sont les
précurseurs de l’Université de Moncton,
vont permettre à plusieurs générations de
francophones et d’anglophones de
recevoir une formation de qualité en
territoire acadien.
Photos page 10, de gauche à droite :
Camille Lefebvre à 41 ans,
Premier prospectus 1867 Moniteur Acadien,
5 août 1867, Collège Saint-Joseph 1876.
Photos page 11
: Dismas LeBlanc, Pascal Poirier,
Soeur Marie Léonie, François-Xavier Cormier,
Philéas Bourgeois.
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