Bulletin des diplômées et diplômés de l'Université de Moncton - page 10

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Bulletin
Automne 2013
L
e 7 juin 1864, le jeune père Camille Lefebvre,
c.s.c (il a 33 ans), en provenance du Collège
Saint-Laurent tout près de Montréal, arrive à
Memramcook pour prendre la direction d’une
nouvelle institution d’enseignement, le
Collège Saint-Joseph. C’est l’évêque de Saint-Jean,
M
gr
Sweeney, qui l’invite, lui et d’autres membres
de sa communauté, à venir prendre en charge le
Collège, qui doit être l’héritier du Séminaire
Saint-Thomas. Pendant les premières années
du Collège Saint-Joseph, l’enseignement se fera
d’ailleurs dans l’édifice de l’ancien séminaire; les
pères en feront également leur demeure.
En plus de l’enseignement, le père Lefebvre doit
assumer les responsabilités curiales de la vaste
paroisse de Memramcook. Le collège ouvre ses
portes le 10 octobre, date à laquelle il accueille
une trentaine d’élèves le 10 octobre 1864. La
première année du collège est un succès, aux dires
du père Lefebvre et des parents des élèves. Tel
qu’ordonné par l’évêque Sweeney, l’enseignement
y est dispensé dans les deux langues afin de
répondre aussi aux besoins de la population
catholique anglophone, principalement d’origine
irlandaise, dans le domaine de l’éducation
supérieure. Selon l’historien Patrick D. Clarke :
« La raison d’être du Collège Saint-Joseph [était]
d’abord de favoriser l’union chrétienne [entre
Acadiens et Irlandais]; la survivance française en
sera fortifiée peut-être, elle n’en sera toutefois pas
le but principal. »
Le cours commercial occupe une place très
importante à Saint-Joseph, le père Lefebvre
voulant que l’institution se consacre à ce type
d’enseignement, à l’instar du Collège Saint-
Laurent qu’il avait fréquenté. Quant aux études
classiques, elles comprennent le français, les
belles-lettres et le latin. L’évêque de Saint-Jean
avait souhaité qu’une école de réforme pour
garçons soit aussi associée au collège, projet
qu’avait vivement combattu l’abbé
Lafrance qui, voyant l’objectif
de son legs détourné, s’en
plaindra par lettre jusqu’à
Rome.
M
gr
Sweeney doit
baisser pavillon; Saint-
Joseph sera uniquement
un collège.
Le premier groupe de collégiens est d’abord
installé dans l’ancien Séminaire Saint-Thomas.
En 1864, le bâtiment est toutefois déjà dans un
état lamentable, selon le père Camille Lefebvre :
À mon arrivée à Memramcook, cette maison se
trouvait en très mauvais état; des réparations
considérables étaient indispensables, si nous voulions
l’utiliser. Quelques vieilles bâtisses dispersées çà et
là sur la propriété étaient « censées » en être
les dépendances. Après avoir minutieusement
examiné toute chose, je me mis immédiatement
à l’œuvre. Le plus embarrassant était de savoir
par où commencer cette rude besogne, car tout
était à créer. La propriété elle-même était dans
un état d’abandon complet. Les clôtures étaient ou
renversées ou complètement disparues, la terre était
devenue une commune où chacun envoyait paître
ses animaux. La saison des semailles s’avançant
rapidement, je m’empressai de faire les clôtures afin
de préserver la crue de l’herbe et le mil de la visite
inopportune de ses anciens habitués.
Tel fut l’objet de mes premiers soins et la mise
en scène de cette suite de travaux incessants
qui ont absorbé une grande moitié de mon
temps et tous mes moments de court loisir
depuis que je suis ici.
En février 1868, un incendie détruit presque
tout le collège et force la direction à lancer des
travaux d’agrandissement. Cette fois-ci, le père
Lefebvre est plus optimiste à l’endroit de la jeune
institution.
Aujourd’hui, écrit-il en mars 1870, nous sommes
passablement bien logés. Notre collège, quoique
construit en bois, offre un joli coup d’œil. L’intérieur
est commodément divisé. La petite communauté y
trouve un logement convenable et sain. Les dortoirs,
qui peuvent donner place à quatre-vingt dix [sic]
élèves, sont proprement tenus et offrent toutes les
conditions requises pour entretenir la santé. Les
classes, les études, sont suffisamment spacieuses
et bien éclairées. La salle de récréation, ayant
quarante-cinq pieds sur trente, fournit aux élèves un
espace assez vaste, où ils peuvent s’amuser […], et
nous donne un local commode […] pour nos petites
séances académiques données en public pendant
l’annés [sic] scolaire.
De Collège à Université (1864-1928)
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