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Mardi 04 Décembre 2001

Mardi 04 Décembre 2001

Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes

Le 6 décembre 1989, ce jour-là…

Ce jour-là, un homme, Marc Lépine, armé d'un fusil-mitrailleur, entra dans l’École Polytechnique de Montréal ; il pénétra dans une salle de cours, fit sortir les hommes, cria : « Je hais les féministes « et tira. Il tua quatorze femmes, treize étudiantes et une employée, puis se suicida. En plus des 14 décès, 13 autres personnes ont été blessées lors de ce terrible drame. On trouva sur lui un tract antiféministe et une liste de femmes connues qu’il voulait aussi assassiner. Le choc fut terrible dans le pays et fit prendre mieux conscience de l’ampleur de la violence contre les femmes.

Extraits d’un témoignage d’un survivant

Toujours deux coups à la fois…

Elle mange son repas de Noël, assise bien droite sur une chaise de la cafétéria. Tout comme moi, elle est venue expressément à la cafétéria de Polytechnique pour le copieux repas de Noël à prix abordable. Mais contrairement à moi, elle n’étudie pas à la Polytechnique. Elle est en sciences infirmières et le destin l’a choisie pour ce 6 décembre 1989.

Elle a un walkman sur la tête. Je ne sais pas quelle musique elle écoute, je ne peux pas l’entendre même si je suis à quelques sièges d’elle. Je suis venu à la cafétéria de Poly avec mon bon ami expressément pour le repas de Noël. Je n’ai plus d’affaires à l’école à cette heure-ci, peu avant 17h. Mes cours se sont terminés ce matin, mais mon ami et moi sommes restés seulement pour le repas de Noël. La fille à côté de moi a dû mettre le volume de son walkman assez élevé. Elle n’entendra pas les coups de feu. Dans 5 minutes, elle sera morte.

C’était ma 3e année à Polytechnique en génie électrique. J’avais posé pour la photo des finissants, il y avait quelques semaines de cela. La fille qui avait pris mon argent pour la photo était en génie mécanique. Pendant que je suis à la cafétéria un étage plus bas, Marc Lépine entre dans le local où elle avait son cours en cet après-midi. Menaçant de son fusil, il fait sortir les gars de la classe. Il demande ensuite aux filles restantes de se mettre en ligne le long du mur. La fille qui a pris mon argent pour la photo est dans ce peloton d’exécution. Marc Lépine ouvre le feu. Elle sera morte probablement avant que je commence à manger mon repas.

Les fins d’année de la Poly sont particulièrement bruyantes. Les étudiants déversent leur trop-plein de frustrations scolaires dans diverses activités éthiquement discutables. Je suis l’un d’eux. Par exemple, l’année d’avant, nous avions organisé une imposante manifestation joyeuse dans les corridors de l’école. Quelqu’un avait apporté une génératrice, un ampli avec haut-parleur et jouait de sa guitare électrique sur un chariot que nous tirions. Nous sommes entrés dans le grand local de physique, plus d’une centaine de pupitres, que nous avons amassés en tas au milieu, pêle-mêle. Nous avons dérangé une réunion sérieuse entre professeurs et membres de l’industrie.

Il était courant en fin d’année de Poly d’observer des comportements d’excitation généralisée et cet après-midi du 6 décembre ne faisait pas exception. C’est pourquoi mon ami et moi nous ne nous formalisions même pas de tous ces étudiants qui s’étaient mis à courir dans tous les sens, certains provenant de l’étage en haut, au moment où je posais mon cabaret sur la table près de la fille au walkman. C’était normal, c’était Poly.

Je n’avais pas de walkman sur la tête, donc j’ai pu entendre quand un gars a dit «Sortez tous, y a un fou qui tire sur le monde!»

Là encore, ce pouvait être une joke de fin d’année.

PANG! PANG!
(Toujours deux coups à la fois)

PANG! PANG!
Prends ma valise. Ferme ma valise. Me lève de ma chaise. Me dirige vers le corridor principal de la cafétéria. PANG! PANG!
Je marche d’un pas rapide mais pas en courant. Je regarde devant moi. Tout le monde court autour de moi. PANG! PANG!
Je vois du monde se coucher à terre. Dernière chose à faire dans ce moment. Je continue à marcher rapidement vers la sortie. Je suis presque arrivé. Je ne regarde pas en arrière. Je pourrais le voir. Je n’ai pas encore peur. Bizarre.

«Attention, il s’en vient par icitte!» crie à tous, le gars en face de moi. J’arrête. J’ai encore ma valise dans mes mains. La sortie est à moins de 5 mètres. Mon ami avec qui je mangeais entre dans un petit local et s’embarre. Dernière chose à faire dans ce moment. Sortir. JE VEUX SORTIR.

«Ok, c’est beau, on peut y aller!» recrie-t-il. Je me précipite vers la sortie. Il y a deux portes vitrées à franchir. Dehors, quelques-uns fuient, d’autres veulent entrer. Il fait froid. Mon manteau est dans ma case. Marc Lépine est remonté 2 étages plus haut. Il tire des balles partout. Quelques-unes se logeront dans ma case. Plusieurs jours plus tard, on me rendra mon manteau. Ma case avait été vidée pour retirer les balles perdues.

Il y avait un peu de neige sur les pelouses en ce 6 décembre. Il faisait froid pour quelqu’un sans manteau, mais je ne sentais rien. Je descends les escaliers en bois qui mène à l’édifice administratif juste en bas de l’école. J’essaie d’avoir un téléphone. Tout le monde veut téléphoner. On se dit tous la même chose. «Ce doit être un étudiant frustré qui a décidé de tuer ses profs!».

C’était le running gag à la Poly. Les examens et les cours sont tellement difficiles, on était tous sûrs qu’un jour, quelqu’un prendrait un fusil et tirerait tous les profs. Ce n’était qu’une question de temps. Plusieurs semaines passées, un étudiant avait donné des coups de pieds dans une poubelle suite à un échec. Une vitre où étaient affichés les résultats avait été fracassée par un coup de poing.

J’appelle mes parents. «Checker les nouvelles, y a un fou qui tire tout le monde à Poly, moi je suis correct.» J’appelle mon ex de Poly. «Check les nouvelles, y a un fou qui tire sur tout le monde à Poly.» «Ok, j’y vais.» «T’es-tu fou??? Reste chez vous.» «Non, j’arrive, c’est cool, je veux être là.» J’appelle mon chum. «Rassure-toi, je suis vivant!»

Les rumeurs circulent déjà. «Paraît qui sont dix, douze!» «Non, y sont au moins trois!». Marc Lépine n’était même plus UNE personne, à ce moment. Il entre dans un local au 3e étage. Tous se couchent en-dessous des bureaux. Ils marchent sur les bureaux. Regarde en dessous. Voit une fille. Il tire, la tue. Il marche sur les bureaux, cherche d’autres filles. Puis il atteint le bureau du professeur. Il s’assit à terre. Pointe son arme à sa tête, tire.

(Toujours deux coups à la fois)

Un photographe de la Presse se postera à l’extérieur près des fenêtres du sous-sol qui donnent sur la cafétéria. Il prendra une photo qui fera la première page de La Presse le lendemain. Sur la photo prise à travers la vitre, on voit une fille assise droite sur une chaise. Elle a un walkman sur les oreilles qui joue peut-être encore. Elle est morte depuis 30 minutes. Comme je ne sais pas que Marc Lépine n’est même plus une personne et que j’ai rencontré une amie de fille de ma classe, nous décidons d’aller nous réfugier à la résidence des filles en attendant. Le gardien de sécurité me demande mes papiers. Les nouvelles ont déjà commencé, il est 18h. Par la radio, on apprend que le tueur aurait fait mettre seulement les filles en peloton d’exécution. Je m’exclame : Je ne peux m’empêcher de penser que si j’étais une fille, je serais mort aujourd’hui. Il était juste derrière moi. Si je m’étais retourné, je l’aurais vu avec son fusil. Mais je n’ai que le son des coups dans ma tête. PANG! PANG! Je dois ma vie au bon chromosome.

J’ai vécu ces moments pendant quelques minutes, ce 6 décembre 1989. Ce n’est pas une sensation agréable. Peut-être la violence est-elle une expérience «normale» de la nature humaine. Je ne peux qu’imaginer c’est quoi sur le champ de bataille.

Mais je suis hanté toujours par le même son, que je reconnaîtrais n’importe où. Celui de deux coups secs, extrêmement forts en même temps que très éphémères. Ce son s’est logé dans mon cerveau comme une balle. À la différence que je reste vivant. PANG! PANG! Luc Marchand, ingénieur stagiaire Source : Fondation des victimes du six décembre : se souvenir pour agir… www.fondationsixdecembre.com/

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Le 6 décembre 2001, le Canada soulignera la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. Cette journée offre l’occasion de songer aux mesures concrètes que nous pouvons prendre pour prévenir et éliminer toutes les formes de violence à l’endroit des femmes. La violence faite aux femmes et aux enfants semble être le point de départ de la violence dans le monde. Que proposes-tu comme solution(s) ?

Le 5 décembre 2001, le Comité de la condition féminine organise :

9h à 16h :
Kiosque d’information à l’entrée de la cafétéria;
Des macarons seront en vente : les profits iront au Comité de concertation pour contrer la violence faite aux femmes;
Tirage de prix de participation

11h15 à 13h :
Dîner de Noël offert par la cafétéria du campus
Menu : Soupe, dinde et farce, légumes, pommes de terres pillées, dessert - bûche de Noël Breuvage : thé, café, lait ou sachet de jus (boisson gazeuse non-comprise)
Coût : 4 $ taxe comprise
(du vin sera en vente sur place)

11h30 à 12h45:
Pause musicale «Spécial de Noël» avec David Boutin, Mike Baldwin et Jean-Marie (Pite) Benoit Participez en grand nombre!

**Une boite sera déposée à la cafétéria du 3 au 7 décembre afin de recueillir vos dons pour l’Accueil Ste-Famille.


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